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  • Espaces, objets du roman au xviiie siècle: hommage à Henri Lafon
  • Marine Riva-Ganofsky
Espaces, objets du roman au XVIIIe siècle: hommage à Henri Lafon. Édité par Jacques Berchtold. Paris: Presses Sorbonne Nouvelle, 2009. 206 pp. Pb €23.00.

Un an après la disparition d’Henri Lafon en 2006, une journée d’études tenue en Sorbonne rendait hommage à son travail. Sous la direction de Jacques Berchtold, les treize études qui composent ce recueil, présentées à cette occasion, offrent les réflexions de quelques-uns des plus éminents spécialistes de la littérature des Lumières à présent, sur les topoï, la description, l’intertextualité, la métafiction, et la relation des personnages à l’espace dans le roman du dix-huitième siècle. Il représente également une remarquable opportunité pour les dix-huitiémistes de comprendre, sinon de découvrir, l’influence de Lafon sur leur champ de recherche. Avec sa thèse Les Décors et les choses (1988) et son second livre Espaces romanesques (1997), Lafon offrait une nouvelle perspective sur la littérature du siècle des Lumières. En révélant les fonctions souvent complexes qu’espace ou objets y remplissaient, en démontrant que la description du décor romanesque n’avait pas attendu l’avènement de l’écriture balzacienne, Lafon a participé à réformer le préjugé assimilant le roman du siècle des Lumières à un simple brouillon du roman réaliste. Les contributions d’Espaces, objets étoffent ce portrait de Lafon. Un chapitre magistral de Jean-Paul Sermain ouvre la première partie, ‘Méthodes’, qui analyse scrupuleusement la ‘sémiotique littéraire’ de Lafon, la situant par rapport au structuralisme anhistorique de Barthes ou Greimas. Michel Delon y présente le roman de Lafon Crébillon-sur-Danube (1979) comme illustrant la thèse que la lecture romanesque devient elle-même un roman, construit à partir d’un réseau d’intertextualités et de références historiques que tissent la mémoire et la culture du lecteur. Dans une deuxième partie, ‘Objets d’études’, René Démoris, Nathalie Ferrand, Jean-Louis Haquette, Christophe Martin et Jean-François Perrin appliquent à leurs lectures les théories de Lafon présentées en amont. Le livre (Ferrand), le paysage (Haquette), ou le labyrinthe urbain (Démoris) sont analysés comme des sèmes littéraires autour desquels se développent différentes représentations du monde et de la mondanité. La troisième partie, ‘Échanges textuels’, n’a plus que des liens ténus avec le travail de Lafon, mais démontre ainsi que sa méthodologie déploie de vastes possibilités pour le chercheur: Elisabeth Lavezzi s’interroge sur les [End Page 93] liens textuels entre Louvet et Balzac; Philip Stewart, entre Prévost et Rousseau; Mathieu Brunet, entre Lamartine et Rousseau. Jean-Christophe Abramovici propose une lecture libertine des journaux de Marivaux. Enfin, la dernière partie offre une bibliographie exhaustive de Lafon, et l’esquisse inédite d’une présentation qu’il ne put donner, sur le topos du sauvetage: une rare occasion de découvrir l’esprit de Lafon à l’œuvre. Il est appréciable qu’Espaces, objets, fidèle à l’approche encyclopédique et non-hiérarchisante de Lafon, étudie des œuvres souvent délaissées par les anthologies voire les lectures, telles Mademoiselle de Clermont, La Mouche, Imirce, ou Les Lettres galantes de Fontenelle. Espaces et objets évite habilement l’écueil élégiaque. L’admiration des auteurs pour leur collègue ne conduit jamais cet ouvrage à présenter les travaux de Lafon comme un aboutissement, mais comme un élan que les dix-huitiémistes seront tentés de suivre.

Marine Riva-Ganofsky
Jesus College, Cambridge
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