Abstract

Dans ses travaux plus récents, Jean-Guy Belley propose, sur la base de ses recherches sur le pluralisme juridique, un diagnostic désenchanté de la modernité avancée, caractérisée par la prédominance du phénomène organisationnel et par un nouveau type de « rupture entre psychisme collectif et psychisme individuel ». Ce diagnostic mérite d’être rapproché d’autres interprétations d’ensemble de la réalité sociale, en particulier de la théorie des systèmes de Niklas Luhmann. La comparaison entre ces deux approches suggère un possible développement du modèle qui peut être dérivé des travaux de Belley. Il vaudrait la peine de mieux prendre en compte la différence entre, d’une part, les organisations et, d’autre part, les systèmes sociaux fonctionnellement différenciés tels l’économie, le droit ou la science. Ceci pourrait permettre de repenser des évolutions actuellement en cours concernant l’individualité humaine. L’hypothèse est que l’individu aujourd’hui agit de plus en plus comme agent d’organisations et de moins en moins comme professionnel d’activités fonctionnellement différenciées, et qu’il est invité désormais à se vivre moins comme individusujet que comme individu-organisation. In his recent works, Jean-Guy Belley, based on his research on legal pluralism, puts forward a disenchanted diagnosis of late modernity as characterized by the prominence of organizational phenomena and by a new kind of “break between collective and individual consciousness.” This diagnosis merits comparison with other global interpretations of social reality, in particular Niklas Luhmann’s systems theory. Such a comparison suggests a possible development of the model that can be derived from Belley’s work. It is worth taking into account the differences between organizations, on the one hand, and, on the other hand, functionally differentiated systems such as economy, law, or science. This could enable us to revisit ongoing evolutions with respect to human individuality. The hypothesis is that individuals today act more and more as agents of organizations, and less and less as professionals carrying out functionally differentiated activities, and that they are invited to experience themselves less as individual subjects, than as organization-individuals.

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