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Reviewed by:
  • Autochtonies : Vues de France et du Québec
  • Jean-Lu Ratel
Natacha Gagné, Thibault Martin et Marie Salaün, éds. Autochtonies : Vues de France et du Québec. Québec : Presses de l’Université Laval / Montréal : Dialog, 2009. 530 pp. $42.95 sc.

Cet ouvrage – issu d’une rencontre visant à comprendre « la manière dont le concept d’’’autochtone’’, donc l’objet d’étude ‘’autochtone’’, est construit dans l’espace [End Page 242] universitaire français et québécois » (xiii) – part du constat que cette conceptualisation diffère de part et d’autre de l’Atlantique. Ses trente-trois auteurs ne proviennent toutefois pas strictement du Québec et de France, mais comprennent aussi, par exemple, des contributeurs de Suisse, de la Polynésie française et du reste du Canada. Dans leur présentation, Natacha Gagné et Marie Salaün réussissent avec brio la synthèse d’un ouvrage regroupant des textes qui traitent de situations réelles ancrées dans des contextes historiques, politiques et sociologiques multiples. Le lecteur déplorera l’absence d’une conclusion générale au livre, mais le chapitre de présentation a le mérite de résumer en quelques pages la richesse des analyses présentées au fil des différentes sections.

Les thèmes abordés reflètent des points de vue représentatifs des cinq continents, avec une insistance plus marquée sur l’Amérique et l’Océanie. La première section du livre est consacrée à la question fondamentale de la définition de ce qui est « autochtone ». Y prennent place l’origine proprement étymologique du concept d’autochtonie ainsi que ses conceptions à portée universaliste ou qui se limitent au contraire aux populations ayant subi la colonisation européenne. Paul Charest soutient que le terme « autochtonie » doit servir à « désigner tout ce qui a trait aux rapports des autochtones avec les territoires et qu’il soit considéré comme la principale composante de l’identité autochtone ou ‘’autochtonité’’ » (104). Jonathan Friedman avance que les mouvements « indigènes » demeurent « fondés sur des expériences spécifiques et partagées » et que « le processus d’identification fonctionne notamment parce que les images créées dans de tels mouvements ‘’parlent’’ à leurs participants » (47). De même, Françoise Morin souligne l’absence de définition formelle de l’autochtonie dans la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, mais soutient que les « représentants de plus de 5 000 cultures ont en partage des expériences identiques » (68) qui les ont conduits à s’identifier en tant qu’Autochtones sur la base de valeurs communes (collectivité, développement durable, responsabilités à l’égard des générations futures) traçant une frontière symbolique avec les non-autochtones.

Ces différentes façons de concevoir l’autochtonie, ou plutôt les autochtonies, mettent en relief les relations entretenues entre les Autochtones et l’État, thème de la seconde section. Qu’il s’agisse du régime républicain français ou de la monarchie constitutionnelle canadienne, la situation diffère dans un État « néo-européen » (Schulte-Tenckhoff) – extension de la colonisation des populations autochtones – par rapport à celle qui prévaut dans un État européen – traitant avec des Autochtones d’« outre-mer » (Régis Lafargue). Geneviève Motard et Ghislain Otis reviennent sur les ententes tripartites conclues au Canada qui ne traitent plus exclusivement du territoire, mais aussi des « compétences personnelles » (131). Marcel Djama rappelle de son côté que l’idée de république « ne tolère pas les particularismes » (196), si bien que la reconnaissance de droits particuliers au peuple kanak (Nouvelle-Calédonie) n’a pu se réaliser qu’à la toute fin du siècle passé. [End Page 243]

Les différentes perspectives propres à l’Amérique et à la région pacifique (Océanie et Extrême-Orient) composent respectivement la troisième et la quatrième section. On retiendra avec Pierre Beaucage les « projections politiques distinctes de l’amérindianité » en tant qu’« Indien-classe » (Mésoamérique) ou « Indien-peuple » (États-Unis, Canada, Brésil et Argentine), selon qu’il...

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