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Reviewed by:
  • Théophile Gautier et la danse
  • Marie-Hélène Girard
Brunet, François . Théophile Gautier et la danse. Paris: Honoré Champion, 2010. Pp. 412. ISBN: 2-7453-2026-2

F. Brunet, à qui l'on doit déjà Théophile Gautier et la musique (Champion, 2006), prend ici la suite d'Edwin Binney (Les Ballets de Théophile Gautier, Nizet, 1965), d'Ivor Guest (Théophile Gautier, Écrits sur la danse, La Découverte, 1995) et d'Hélène La-place-Claverie (Écrire pour la danse, les livrets de ballets de Théophile Gautier à Jean Cocteau, Champion, 2001). Son propos est de montrer l'importance de la danse et du ballet dans l'œuvre de Gautier, en l'appréhendant dans son ensemble et dans sa dimension critique aussi bien que créatrice. Après un tableau de la place occupée par les différentes formes de danse à Paris au XIXe siècle, F. Brunet s'intéresse successivement à la représentation de la danse institutionnelle, telle qu'elle se pratiquait à "l'académie de danse", puis à celle de la "danse exotique" qu'il étudie pays par pays. Le parcours va des provinces françaises de Pâquerette à l'Inde de Sacountala, en passant par l'Allemagne de Giselle et du Preneur de rats de Harlem, l'Espagne de la cachucha et les divers refl ets des danses folkloriques qui ponctuent les voyages de Gautier ou ses comptes rendus de spectacles. La dernière partie de l'ouvrage, consacrée à l'infl uence de Gautier sur l'art chorégraphique, souligne la part qui lui revient dans la survivance du ballet romantique, notamment en Russie, mais elle montre aussi bien son infl uence sur le ballet symboliste et jusque sur les Ballets russes, qui lui empruntèrent Le Spectre de la rose.

Le grand mérite de cet ouvrage est de mettre en lumière la place exceptionnelle que tiennent toutes "les formes de l'orchestrique" dans l'œuvre de Théophile Gautier, [End Page 185] seul de tous les écrivains du XIXe siècle à avoir, au fi l de quarante ans de carrière, conjugué l'écriture de treize livrets de ballets avec le compte rendu régulier des spectacles parisiens et l'expérience de multiples scènes, européennes et extra-européennes, au cours de ses voyages. Si l'étude conclut à l'impossibilité de trouver sous sa plume une théorie du ballet à proprement parler, elle met en évidence l'importance et la cohérence de son imaginaire chorégraphique et confi rme que le goût de Gautier pour cette forme d'art s'exprime aussi bien dans sa création littéraire ou poétique que dans ses feuilletons. Grâce à une remarquable connaissance de la vie théâtrale et musicale du XIXe siècle, F. Brunet restitue, le contexte dans lequel s'inscrivent aussi bien les spectacles de danse que les jugements du critique. Il insiste également sur l'attention qu'il accorda aux interprètes, bien au-delà des relations personnelles nouées avec Carlotta Grisi, et les notices détaillées qu'il consacre au quatuor Taglioni, Essler, Grisi, Cerrito, ainsi qu'à Perrot, Petitpa et Saint-Léon, sont particulièrement utiles. Il faut en dire autant des nombreux et substantiels extraits de feuilletons exhumés des colonnes de La Presse, du Moniteur universel et de quelques autre périodiques d'accès à peine moins diffi cile.

Cette étude apporte donc un précieux viatique aux lecteurs des trois volumes de critique dramatique de Gautier déjà publiés et offre une manière de propédeutique aux volumes à venir, d'autant qu'elle est accompagnée d'un important appareil documentaire: un tableau des principaux feuilletons que Gautier a consacrés au ballet de 1837 à 1871, un répertoire de ceux qu'il a consacrés aux danses espagnoles, un choix de comptes rendus de Giselle, de 1841 à 1991, et une sélection de "critiques inédites des ballets de Gautier". Une bibliographie raisonnée et un triple index—noms de personnes, titres d'œuvres et noms de personnages—complètent opportunément le volume...

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