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  • Ronsard et le livre: étude de critique génétique et d’histoire littéraire. Première partie: lectures et textes manuscrits
  • Cynthia Skenazi
Ronsard et le livre: étude de critique génétique et d’histoire littéraire. Première partie: lectures et textes manuscrits. Par François Rouget. (Cahiers d’Humanisme et Renaissance, 95). Genève: Droz, 2010. 288 pp., ill. Pb €47.06.

Peu d’écrivains ont tant contrôlé la production et la diffusion de leur œuvre que Pierre de Ronsard. Cette question avait déjà retenu l’attention des critiques, mais l’originalité du travail de François Rouget est d’aborder la relation du poète à ses textes en fonction de ses pratiques de lecture et d’écriture. L’étude s’ouvre sur un examen de la place de la lecture dans l’univers mental de Ronsard et sur les rôles récréatif, thérapeutique et social du commerce du livre. Les autoportraits du poète en lecteur assidu éclairent la diversité de ses goûts et de ses intérêts ainsi que son mode de création littéraire. Rouget établit à cet effet une liste des volumes hérités, signés, annotés, mentionnés par le poète et de ses lectures supposées pour dégager le profit que Ronsard tire de ses lectures. Son recensement n’a pas la prétention d’être exhaustif et se présente avant tout comme un état présent de la question, mais donne une idée suggestive d’un auteur qui prend son bien où il le trouve pour l’adapter à ses propres visées. Parmi les ouvrages ayant appartenu à Ronsard et récemment retrouvés figure un traité d’Hippocrate où le poète relève des passages ayant trait à ses propres maladies et annote des commentaires sur la mélancolie qui nourrissent ses propres écrits. Ronsard suit en outre l’actualité littéraire en critique avisé, et sa connaissance de la littérature médiévale est loin d’être négligeable, même s’il cherche à l’occulter. Rouget s’attache dans ce sens à l’habile parti que Ronsard tire de sa lecture de l’Advision de Christine de Pizan, un texte qui figurait en version manuscrite dans les bibliothèques du roi, de Catherine de Médicis et des grandes familles françaises. L’étude passe ensuite en revue les différents types de manuscrits de Ronsard qui nous sont parvenus, examine leur authenticité et leur mode de circulation. Parmi ces documents de nature disparate, certaines œuvres manuscrites s’affirment, selon Rouget, dans leur indépendance à l’imprimé pour assurer au poète une réception immédiate dans un cercle choisi d’amis et de mécènes. Pour le poète, seul l’imprimé est cependant à même de conférer l’immortalité à ses œuvres. Un des intérêts du patient travail d’archives de Rouget est de combiner les apports de la critique génétique à l’histoire du livre. Les ratures et corrections de discours que Ronsard prononce à l’Académie du Palais font ainsi l’objet d’une étude minutieuse. On aurait aimé en savoir plus sur le passage du manuscrit à l’imprimé des textes destinés à s’insérer dans le monument poétique des Œuvres. Cette question s’intégrera sans doute dans la suite de l’étude de Rouget qui portera sur la politique éditoriale de Ronsard. De nombreuses illustrations complètent la première partie de cette enquête qui apporte du neuf sur Ronsard et son temps. [End Page 520]

Cynthia Skenazi
University of California, Santa Barbara
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