In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Correspondance
  • Stephen Steele
Félix Fénéon et John Gray . Correspondance. Maurice Imbert , éd. Tusson, Charente: Du Lérot, 2010. 95 pp. ISBN 978-2-35548-036-2. 25 €.

La couverture du livre montre un croquis que John Gray fait de deux séminaristes s'avançant, l'air décidé, dans Rome, où lui-même fait à partir de 1898 ses études religieuses. La scène peut rappeler au lecteur ce moment de 1900 quand Oscar Wilde, désargenté, aperçoit à Rome, parmi des élèves de séminaire, John Gray, sept ans après leur rupture (85-86). Gray commence en 1901 à Edinburgh sa carrière ecclésiastique puis s'installe dans le presbytère à l'esthétique intérieure décadente qu'il fait ériger, avec l'église attenante, sur la base de ses conceptions architecturales (88, 90). Wilde avait remarqué John Gray à la parution du Dial, dont Gray est cofondateur en 1889 avec les deux Charles, Shannon et Ricketts (8). C'est aussi l'époque où John Gray entre en [End Page 135] contact, à Paris, avec Félix Fénéon, par l'entremise de Léon Vanier, l'éditeur de Laforgue et Verlaine, deux des poètes très présents dans les lettres échangées toujours en français par Fénéon et Gray.

La correspondance s'étend de 1890 à 1913 et l'essentiel de la trentaine d'envois reproduits par Maurice Imbert date des premières années, avec parfois l'indication d'une lettre non retrouvée. L'ouvrage, qui compte moins de cent pages, inclut des photographies représentant Gray et des illustrations par Vallotton, Ricketts, Gray et Fénéon, qui dessine son autoportrait au milieu d'une lettre de 1909 (87). On peut lire également deux contributions de Gray à La Revue blanche, dont la notice nécrologique de Beardsley en 1898 et la nouvelle "Daphné," composée dans une langue qui fait dire à Fénéon, déjà frappé dans ses lettres précédentes par la qualité originale du français de Gray, qu'"il faut être un écrivain étranger" "pour écrire un français intéressant" (69). Gray, moins certain de son français, ne réalisera jamais le souhait de Fénéon qu'il rédige pour les lecteurs de La Revue blanche une chronique régulière sur l'état de la littérature en Angleterre (51-52).

Gray et Fénéon, dès le début d'une relation épistolaire qui comprend quelques rencontres, se passent des informations pour leurs travaux (Gray sur Verlaine), traductions (Jane Austen traduite par Fénéon depuis son incarcération de 1894 en prison). Sur le plan des rencontres, Fénéon présente Viélé-Griffin et Lucien Pissarro à Gray qui, pour sa part, fait connaître Ricketts à Fénéon. Le soutien mutuel se poursuit quand il s'agit des revues, de leur publicité ou de leur diffusion, le Dial à Paris, La Revue blanche à Londres. Le rôle d'informateur que chacun des deux correspondants joue auprès de l'autre survient durant une période de curiosité réciproque dans la décadence anglaise et française, ce qui n'atténue guère, aux yeux de Fénéon en 1895, "l'ignorance française de ce qui se passe hors frontières" (51). L'édition préparée par Maurice Imbert comporte, en plus de quelques pages d'introduction, d'un index et d'une courte bibliographie orientée sélectivement vers Gray, des notes utiles et une série de commentaires insérés avec soin parmi les lettres. [End Page 136]

Stephen Steele
Simon Fraser University
...

pdf

Share