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  • La carte. Point de vue sur le monde
  • Hans-Jürgen Greif (bio)
La carte. Point de vue sur le monde, s. la dir. de Rachel Bouvet, Hélène Guy et Éric Waddell Montréal, Mé moire d'encrier, coll. Essai, 2008, 310 p., 29$

Les dix-neuf essais de cet ouvrage, en excluant l'iconographie et l'entretien entre Kenneth White et Éric Waddell, sont tous plus ou moins redevables à « l'approche géopoétique » de la carte géographique. Avant d'aller plus loin, voyons de quoi il s'agit. Dans leur présentation, les directeurs de cette publication donnent la définition de la géopoétique : « La géopoétique est tournée résolument vers le dehors : la plaine, la montagne, le rivage, les îles et le grand large. [. . .] Approche et non pas méthode, elle part de notre présence au monde et reconnaît l'importance du réel dans la configuration de la pensée humaine. La démarche géopoétique aspire à réunir la parole de l'homme et celle de la Terre en un seul lieu, qui relève autant de l'esprit que de la géographie. Elle se situe, forcément, au croisement de la science - avec son approche empirique, son regard froid, qui observe, qui mesure et qui se tient loin - et de la sensibilité culturelle et humaine - avec ses sentiments et ses émotions, qui mise sur l'expérience des lieux et qui "entre dans la danse" ». [End Page 487]

Autrement dit, la carte géographique peut être lue ou vue comme une oeuvre d'art selon les préférences et les choix du regardant, qui appelle la philosophie, l'histoire de l'art, la littérature, plus particulièrement la poésie, afin de transformer ce qu'il a sous les yeux en un objet de son choix, l'interprétant à sa guise.

L'approche est née d'une idée de Kenneth White, Écossais vivant sur la cô te bretonne, dont les essais, tant en anglais qu'en français, témoignent non seulement d'une très solide formation universitaire, mais d'un esprit inquiet, curieux de connaître et de savoir. Un bel exemple est son recueil d'essais Les affinités extrêmes, paru en 2009 chez Albin Michel, où il parle non seulement de ses auteurs français préférés (Céline, Breton, entre autres) mais aussi du géographe Élisée Reclus, du Rimbaud de l'aventure africaine, du médecin-poète Victor Segalen. Ce qui lie White à ces auteurs, c'est le cô té « brut » et extravagant de leur pensée, qui n'est pas synonyme d'« excentricité ». Dans son entretien avec Waddel, White rappelle qu'en 1981, il avait publié une brochure, Petite suite géopoétique, qui était le fruit d'un voyage à travers les Laurentides, en route vers le Labrador. Dans ce texte, il avait défendu son idée qu'il fallait « sortir du texte historique et littéraire pour retrouver une poésie de plein vent où l'intelligence (intelligence incarnée) coule comme une rivière ». Dans le même entretien, il insiste pour dire « que la géopoétique ne se situe pas à cô té des sciences, comme une annexe (ou un « supplément d'âme », comme on disait naguère), elle se situe en avant des sciences, comme une prolongation exploratrice. // C'est dire que je n'ai que faire des cartes de l'imaginaire, que certains estiment « poétiques » et même « géopoétiques ». J'en éprouve même un certain dégoû t ». Avant de nous tourner vers les essais du livre qui nous occupe, une dernière citation du fondateur de l'approche géopoétique : « Quant à la géopoétique, si la carte implique un point de vue, la géopoétique n'est pas un "point de vue". D'abord, on ne peut multiplier « les points de vue » (c'est le nomadisme intellectuel). [. . .] La géopoétique n'est ni globale, ni mondialiste, elle est, si je puis dire, mondifiante ».

Le sous-titre du volume...

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