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  • Nouvelle1
  • Michel Lord (bio)

Des dizaines de voix sont à nouveau au rendez-vous en 2009. Certaines sont ancrées depuis des lustres, d'autres émergent dans le décor, et il y a ces auteurs qui, depuis peu ou parfois longtemps, sont venus d'ailleurs [End Page 394] fondre leur voix migrante dans le creuset de la québécité ou la canadianité. Cela au bonheur (ou au malheur) de l'écriture.

Mais le passé, la tradition nous rattrapent toujours et, dans ce sens, j'aimerais souligner le travail remarquable de l'éditeur Victor-Lévy Beaulieu qui permet à divers auteurs ou chercheurs de rapailler contes et légendes à travers le Québec et le Canada. La collection « Contes, légendes et récits du Québec et d'ailleurs » accueille en 2009 des œuvres de la région de Charlevoix et de l'Acadie. L'ethnologue Serge Gauthier présente son choix pour la première, tandis que l'écrivain Sylvain Rivière le fait pour l'Acadie.

Dans une préface polémique, Gauthier rafraîchit nos conceptions en matière de folklore, remettant en question la dichotomie rigide entre le conte (pure fiction) et la légende (fondée sur des faits vrais) et bousculant dumême coup la vision par trop orthodoxe et catholique que des devanciers (comme Marius Barbeau) ont imposée « en expurgeant un peu cette littérature [et en faisant] disparaître ce qui semble "trop grivois" ou "trop impertinent" ». Son choix ratisse large, avec des textes de Jacques Cartier et Champlain à Hélène Bard (extrait de Hystéro, 2007) en passant par Aubert de Gaspé, père et fils, Pierre Boucher, Henri-Raymond Casgrain, Laure Conan, Damase Potvin, Félix-Antoine Savard, Gabrielle Roy et l'auteur lui-même, Serge Gauthier. Au total, 70 textes qui traduisent sous les formes les plus diverses tant le passé et que le présent de la région, car pour Gauthier les traditions orale et écrite sont bel et bien vivantes.

Sylvain Rivière dans sa préface aux Contes, légendes et récits de l'Acadie se fait plus lyrique que l'ethnologue Gauthier pour « recoller les morceaux épars d'une diaspora inimaginable » dans cette anthologie où, en plus de 900 pages, nous trouvons un peu pêle-mêle des textes d'Eugène Achard, Régis Brun, Herménégilde Chiasson, du Père Amselme Chiasson, de Longfellow, Zacharie Richard et de l'incontournable Antonine Maillet dans un joyeux mélange - un tintamarre ? - de contes, chroniques, poésie et chansons.

Être ici ou là

Comme pour fêter ses trente ans en tant que nouvellière, Diane-Monique Daviau - dont le premier recueil (Dessins à la plume) remonte à 1979 - offre (petites détresses géographiques), un recueil de treize nouvelles au titre à la fois discret et tonitruant. Un texte liminaire intitulé « Là » offre une explication dans une sorte de cri du cœur ponctué de répétitions de certains mots (ailleurs, détresse) qui font référence à un fort désir d'être ailleurs, surtout pas là. Selon Daviau, si ses personnages avaient pu s'exprimer sans ambages, « [i]ls auraient pu dire: là, c'est le lieu de ma détresse ». [End Page 395]

Constitué de treize nouvelles, le recueil est conçu dans la continuité de l'imaginaire de l'auteure, qui gravite autour des motifs de l'enfance, de la difficulté d'être, des rapports difficiles entre les êtres, surtout entre ceux qui devraient être familiers et qui ne parviennent pas à s'entendre, autour de la perte aussi, de l'angoise, du temps qui passe et de la disparition, ces derniers thèmes rappelant La vie passe comme une étoile filante (1993), son recueil précédent. La première nouvelle, « Voir », travaille littéralement dans la matière de l'angoisse, avec cette mère qui veille la nuit sur son enfant, habitée par la peur de le perdre. Elle passe son temps à vérifier s'il respire bien avec l'aide d'un miroir, cherchant à « voir », inlassablement, si la vie continue. Dans « Des voitures automobiles », l'enfant est au contraire...

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