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Reviewed by:
  • Datcha blues. Existences ordinaires et dictature en Biélorussie
  • Alexandra Goujon
Ronan Hervouet . - Datcha blues. Existences ordinaires et dictature en Biélorussie. Paris, Belin, 2009, 208 pages. « Europes centrales ».

Ce livre s'inspire d'une thèse de doctorat en sociologie qui s'appuie sur plusieurs séjours de recherche menés en Biélorussie à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Déjà publié aux éditions Aux lieux d'être en 2007, cet ouvrage propose une analyse du rôle et de la place des datchas dans la vie des citoyens biélorusses. Si l'auteur évoque dans le titre de l'ouvrage la notion de dictature en référence au régime autoritaire du président Alexandre Loukachenko, son propos se concentre moins sur la question du rapport des Biélorusses au politique que sur la manière dont ils perçoivent et vivent leur rapport à la datcha, définie comme « une petite maison secondaire dotée d'un potager ». Pour ce faire, Ronan Hervouet a mené de nombreux entretiens dont la teneur est souvent très éclairante sur la vie quotidienne des habitants de Biélorussie. Au fil de chapitres thématiques, il montre que le rapport des individus à la datcha est révélateur de leurs relations sociales, familiales, de leur rapport au travail, à la terre, à la bureaucratie et à l'estime de soi. Ronan Hervouet rejoint certaines analyses connues et citées sur les datchas, comme celles de Jean et Nina Kéhayan ou de Vlada Traven, pour montrer qu'elles contribuent à combler les désagréments de la vie citadine (qualité des produits alimentaires, espaces de vie, valorisation de soi, etc.). Rejetant l'idée que la datcha serait un « lieu d'aliénation de populations dominées » par un régime politique, il la considère plutôt comme un facteur de bonheur et un moyen d'émancipation individuelle. L'ouvrage reste cependant dans la nuance en discutant la thèse selon laquelle la datcha serait nécessairement un « instrument de résistance à l'ordre politique imposé ». L'argumentation manque toutefois de rigueur chronologique ; les commentaires de l'auteur renvoient de manière interchangeable aux périodes soviétique et post-soviétique. Même si on peut être d'accord avec Ronan Hervouet sur les éléments de continuité entre les deux périodes, il paraît plus difficile de le suivre lorsqu'il affirme que « la fin de l'URSS en 1991 n'a pas entraîné de changements radicaux dans la vie quotidienne des citadins biélorusses ». Ce postulat de départ conduit à un manque de clarté dans la périodisation de la démonstration qui, par ailleurs, ne prend pas toujours suffisamment ses distances par rapport aux propos des personnes interrogées. L'ouvrage apporte toutefois un éclairage sociologique intéressant sur les perceptions de la vie quotidienne dans la société biélorusse post-soviétique. [End Page 175]

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