In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Histoire intellectuelle de l'indépendantisme québécois: Tome 1: 1834-1968
  • Michel Ducharme
Histoire intellectuelle de l'indépendantisme québécois: Tome 1: 1834-1968. Robert Comeau, Charles-Philippe Courtois et Denis Monière, dir. Montréal: VLB éditeur, 2010. Pp. 288, $32.95

Par cet ouvrage collectif, Robert Comeau, Charles-Philippe Courtois et Denis Monière nous présentent un bilan du courant de pensée indépendantiste au Québec, allant de l'adoption des 92 Résolutions en 1834 à la publication de Nègres Blancs d'Amérique en 1968. L'ouvrage explore ainsi la pensée d'une quinzaine d'intellectuels, de politiciens et de groupes ayant promu l'indépendance du Bas-Canada, du Canada français ou du Québec avant la fondation du Parti québécois. Dans les faits, les différents collaborateurs résument en une dizaine de pages chacun les raisons qui rendaient souhaitable l'indépendance selon les divers personnages ou groupes étudiés. Le véritable objectif du [End Page 357] collectif est en fait de faire voir jusqu'à quel point les raisons justifiant jadis l'indépendance existent encore aujourd'hui.

Si l'idée de produire un tel bilan pouvait sembler excellente de prime abord, le résultat est plutôt décevant. D'abord, la lecture de l'ouvrage nous indique qu'il n'existe pas véritablement de courant de pensée indépendantiste au Québec avant les années 1960. Si la question semble avoir été abordée plus ou moins sérieusement à deux reprises avant la Révolution tranquille (dans les décennies 1830 et 1930), elle n'a pas été discutée plus à fond avant 1959-1960. Dans ce contexte, l'importance de faire un bilan historique demeure relative. Ensuite, l'approche présentiste adoptée par les directeurs du collectif et certains collaborateurs s'avère parfois agaçante. Le problème ne réside pas tant dans le fait que plusieurs auteurs aient été inspirés par leur engagement politique personnel, mais plutôt dans leur volonté de mettre le passé au service du présent, et ce parfois sans grande subtilité. à cet égard, les chapitres rédigés par des historiens semblent moins prisonniers de considérations contemporaines. À cela, il faut ajouter que l'ouvrage est très répétitif. Chaque auteur résumant un ouvrage particulier, les mêmes arguments sont ressassés at nauseam. Bien qu'au moins la moitié des vingt-et-un chapitres soient intéressants, leur lecture devient rapidement lassante. Enfin, l'organisation interne des chapitres est quelque peu problématique. Il est en effet difficile de comprendre pourquoi les notices biographiques de chacun des auteurs étudiés apparaissent à la fin des chapitres plutôt qu'au début. Il aurait certainement été plus logique que les intellectuels et les politiciens étudiés (plusieurs étant peu connus) soient présentés avant que ne soit résumée leur pensée.

Des trois parties qui composent l'ouvrage, c'est la première, portant sur le XIXe siècle, qui est la plus faible. Elle contient quelques erreurs factuelles (surtout par rapport à la politique britannique) et anachronismes. Par exemple, il est faux de prétendre que la responsabilité ministérielle n'a pas été concédée en 1791 à cause de la présence des Canadiens français au Bas-Canada (p. 19) puisque ce mécanisme constitutionnel n'a été concédé à aucune colonie britannique avant 1847, y compris celles dominées par les colons anglo-saxons. De la même manière, la lutte des députés canadiens pour le contrôle des subsides ne peut pas être interprétée comme impliquant « la reconquête par les Canadiens du pouvoir politique perdu après la défaite de 1759 » (p. 22) puisque les colons de la Nouvelle-France n'ont jamais eu de pouvoir politique. Il est aussi faux de prétendre que le gouvernement britannique s'est emparé des revenus de la province avant les rébellions, les Résolutions Russell n'ayant jamais été intégrées à une loi [End...

pdf

Share