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French Forum 27.3 (2002) 126-127



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Sabine Loucif. À la recherche du canon perdu. L'enseignement de la littérature française dans les universités américaines. New Orleans: Presses universitaires du Nouveau Monde, 2001.

Je connaissais déjà les recherches de Sabine Loucif que j'ai invitée à un colloque du Centre de recherche en littérature québécoise de l'université Laval à l'automne 1997 pour y parler du «Canon français de la mla»1. Les travaux de Sabine Loucif me paraissaient déjà décisifs à cette époque.

Je n'ai pas changé d'idée depuis et son livre me confirme dans mon opinion sur la grande actualité de la thèse qu'elle y développe. Sabine Loucif étudie de façon variée, précise et avec une prudente objectivité la question de l'évolution des corpus d'enseignement littéraire français dans les universités américaines, mais, en fait, c'est ainsi la question même de la place de l'enseignement de la littérature étrangère dans l'enseignement contemporain que sa démarche interroge. Elle le fait à un moment où cet enseignement est radicalement remis en question à la fois par les travaux des chercheurs contemporains en études culturelles qui ont procédé à la réévaluation de sa légitimité et des traditions qui l'assurent et par la progressive désaffection des étudiants à l'endroit d'une formation aujourd'hui principalement sauvegardée aux États-Unis par les cours obligatoires des programmes de premier cycle.

Les lamentations diverses des intellectuels et des enseignants à propos de la crise de la culture légitime relèvent d'un genre établi depuis fort longtemps et qui a son propre canon, mais la fin du XXe siècle en a vu aux États-Unis une recrudescence qui mérite une attention vigilante dans la mesure où elle est l'indice d'une évolution sociale indiscutable. Les étudiants semblent se désintéresser tendanciellement des littératures étrangères et le feraient davantage si on ne les tenait par contrainte à en suivre des cours obligatoires. Au-delà des essais navrés des Cassandre modernes de la culture, nous avons besoin d'analyses patientes et précises. C'est ce que le travail de Sabine Loucif apporte.

Elle assure son analyse par une diversité d'enquêtes qui la rendent extrêmement fouillée. Dans une première partie, elle situe la question de l'enseignement du français dans les colleges américains dans le cadre du grand débat en cours sur le canon aux États-Unis; puis, dans une deuxième, nous introduit dans les façons de faire du premier cycle et ensuite dans celles des deuxième et troisième cycles; enfin, dans une [End Page 126] troisième, elle nous mène des thèses aux activités de recherche des professeurs, sans oublier un petit retour vers ce qu'elle épingle comme «duplicité du canon». Constamment, elle vérifie dans les pratiques ce que les discours des uns et des autres prétendent. Les manuels, les programmes de cours, les réactions des étudiants, les recherches des étudiants aux cycles avancés, celles de leurs professeurs : tout lui sert pour croiser des données qui, sans être exhaustives, ce qui serait impossible, donnent un éclairage très suffisant sur la situation actuelle.

Le constat final qui s'en dégage est celui d'un système empêtré dans son inertie et mal apte à entreprendre les réévaluations urgentes qui pourraient en protéger l'action à venir. Les ajustements qui se produisent ici et là touchent surtout les spécialistes, en fonction d'intérêts qui leur sont particuliers, alors que les programmes de premier cycle bougent à peine sauf à perdre de la clientèle. Au-delà de ce bilan accablant, Sabine Loucif propose aussi dans les toutes dernières pages de son livre des hypothèses de solution à la crise. Je me permets de citer...

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