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REVIEWS 263 Jan Herman. Le mensonge romanesque. Paramètres pour l'étude du roman épistolaire en France. Amsterdam: Rodopi (Faux Titre, no. 40), 1989. 243pp. US$25.00. Plusieurs études d'ensemble sur le roman épistolaire comme genre ont déjà été publiées mais aucune n'offre de cette étape de l'écriture romanesque en France un tableau plus limpide que la thèse de Jan Herman. Le livre qui nous est ici proposé est exemplaire à bien des égards. Richement documenté et passablement érudit, son propos n'en est pas moins aisé, direct, et concluant. L'auteur annonce d'emblée vouloir contribuer à l'élaboration d'un "langage" (p. 12) d'intérêt principalement théorique. Il définit donc soigneusement les catégories narratologiques et poétologiques au moyen desquelles il aborde les questions soulevées par le corpus étudié. Il s'agit de toute la production romanesque dite épistolaire publiée en français entre 1761 et 1782, dates de parution de La Nouvelle Héloïse et des Liaisons dangereuses. La marche rapide de ses démonstrations, soutenue d'un bout à l'autre du volume, révèle une véritable maîtrise du phénomène de l'épistolarité, dont deux aspects complémentaires sont tour à tour élucidés dans deux volets d'égale importance. Herman considère d'abord le fonctionnement interne de son objet en faisant ressortir les paramètres narratologiques qui caractérisent le roman par lettres. Puis, dans un deuxième temps, il met en lumière l'évolution du genre et son insertion dans le champ littéraire. Il apparaît enfin que les stratégies textuelles et péritextuelles analysées tendent à écarter sinon résoudre "le problème du mensonge romanesque" (p. 7) ancré dans la doxa classique. Les trois premiers chapitres sont donc consacrés à l'élaboration d'un modèle narratologique du roman par lettres. La démarche adoptée par Herman est rigoureusement inductive. Il s'agit toujours pour lui d'extraire de l'examen d'un corpus considérable, comptant près de deux cent cinquante titres, des paramètres opératoires qui faciliteront ultimement la mise en place d'une typologie generative du roman par lettres. Cette méthode a d'une part l'avantage de restreindre l'appareil théorique, car elle ne sollicite aucune notion sans pertinence pour le corpus examiné; d'autre part elle reste sensible à l'évolution historique du roman épistolaire, dont elle compare des variantes toujours datées. Il appara ît donc dès l'abord que le roman-mémoires est le lieu privilégié de l'émergence de la formule épistolaire, qui prend d'abord en charge un récit rétrospectif. Plus tard on assistera cependant au retrait progressif du narrateur mémorialiste au profit d'un simple éditeur ayant pour tâche d'exhiber un choix de lettres. On aura dès lors affaire au récit intercalé du véritable "roman par lettres." Selon Herman "la narratologie du récit par lettres est inséparable d'une sémiotique textuelle englobante" (p. 30) permettant de distinguer les correspondances prototextuelles sous-jacentes de la sélection des lettres dévoilées au niveau proprement textuel. Les critères de cette sélection s'expliquent généralement dans un discours méta-épistolaire à quoi finit par se réduire le discours du narrateur, extérieur, qu'il faut distinguer du discours du personnage épistolier, intérieur. On peut regretter que le "nouveau langage" de Herman adopte le terme de "niveau" pour nommer l'écart modal qui sépare dans son système le discours extérieur (DN) du discours intérieur (DP). Ce choix terminologique porte à confusion, parce qu'il recoupe la stratification vocale de la narratologie genettienne. Ce malaise n'échappe d'ailleurs pas à l'auteur qui se voit obligé d'offrir en note quelques clarifications (voir p. 52). Quoi qu'il en soit, Herman a raison d'insister sur la mobilité des fonctions narratives et métanarratives propre au genre épistolaire. Dans la mesure où le narrateur assume des fonctions méta-épistolaires ou métanarratives, reléguées dans des...

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