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256 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION question (pour les novices le texte risquerait d'être un peu obscur). On pourrait ajouter que la présentation est peu attirante. Adrienne D. Hytier Vassar College Sigyn Minier. Madame de Charrière: Les premiers romans. Genève: Slatkine, 1987. 129pp. Entre 1784 et 1787 Madame de Charrière publiait coup sur coup trois romans épistolaires que Sigyn Minier considère à juste titre comme une sorte de trilogie, montrant successivement trois étapes de la vie humaine (pp. 91-92). Le premier chapitre de cet ouvrage est donc consacré à la présentation de ces trois étapes qui sont: "La naissance de l'amour ou Les lettres neuchâteloises" (p. 29 ss.), "Le mariage ou Les lettres de Mistriss Henley" (p. 37 ss.) et "La maternité ou Les lettres écrites de Lausanne" (p. 45 ss.). Les intrigues de ces trois romans sont alors considérées dans la perspective d'un paradoxe que Minier dit avoir établi par le rapprochement d'un certain nombre de thèmes et de motifs relevés dans ces mêmes romans (p. 120). U s'agit du paradoxe de la dépendance et de la solitude (p. 25) qui se révèle être aussi le paradoxe de la condition féminine (p. 36). La conjonction paradoxale des notions de dépendance et de solitude apparaît dès lors comme Ie "thème central" (p. 64) des oeuvres, Ia thèse qui occupe Madame de Charrière (p. 67) et l'axe autour duquel se construit le travail critique de Minier. Ce télescopage de plans aussi divers que celui des thèmes récurrents, celui de la pensée de l'auteur et celui des stratégies du critique, n'est pas sans danger pour la clarté du discours critique lui-même, mais Minier revendique une approche immanente à l'oeuvre et croit justifier ainsi l'établissement d'un point d'ancrage commun à tous les niveaux d'analyse (p. 120). L'examen des intrigues de ces trois romans montre que la femme est vouée à la dépendance et à la solitude, parce qu'elle n'a aucun moyen "pour gagner la raison d'un homme retenu par les préjugés de sa caste" (p. 52). Qu'elles soient jeune fille, épouse ou mère, les héroïnes de Madame de Charrière se heurtent à des obstacles situés "dans la personne de celui qu'elles aiment" (p. 53). Elles restent donc solitaires, incomprises, sensibles et malheureuses au côté d'hommes trop "raisonnables" et seuls "porteurs des exigences de la société" (p. 54). Voilà un bilan fort alarmant qui ne relève pas d'un "pessimisme adouci" (p. 53) et ne peut guère plus être réduit à une question d'éducation "qu'il faudrait refaire " (p. 55). En négligeant de considérer l'envers des thèmes relevés, à savoir l'autonomie et la collaboration, l'auteur passe à côté des réflexions d'ordre politique , que l'on trouve également dans ces romans, et par lesquelles Madame de Charrière suggère des remèdes à ce fameux "paradoxe de la condition féminine." REVIEWS 257 Le second chapitre se propose d'étudier la forme épistolaire comme étant aux yeux de Madame de Charrière "le moyen idéal et le seul pour peindre la condition féminine telle qu'elle la ressentait" (p. 60). Ici le double point de vue de la dépendance et de la solitude se révèle vraiment fructueux, car Minier parvient à montrer que les épistolières et les épistoliers de ces romans évoluent d'une situation de dépendance par rapport aux jugements de leurs correspondants à une autonomie d'opinion, acquise par l'expérience de l'écriture, pratiquée comme moyen de prise de conscience. Plus le personnage est en mesure de rendre compte de sa vie avec lucidité, moins il semble avoir besoin des conseils ou de l'approbation de son correspondant. A mesure que les épistolières et les épistoliers de ces romans avancent dans la vie et gagnent de maturité, leurs récits se transforment en authentiques confessions. On observe donc un rapport d...

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