In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Réécriture et identité diégétique: réflexions sur Des Souches et PrévostPhilip Robinson La description d'une œuvre peu connue de Des Souches, datant de 1711, et sa comparaison avec la réécriture du célèbre roman de Prévost, Manon Lescaut, dans la Bibliothèque universelle des romans en 1789,1 permettront de réfléchir utilement sur le concept d'identité diégétique, sous-tendu par l'expression quotidienne de réécriture ellem ême, et de conclure que toujours dans Ie discours, tant historique que fictif, il faut revenir au facteur de l'intention. L'intérêt du roman de Des Souches, Histoire et Lettresfort tendres,2 pour la comparaison avec l'abrégé du chef-d'œuvre de Prévost, c'est moins son mérite littéraire que le fait qu'il offre deux fois son récit: une première fois et assez brièvement à la troisième personne comme dans les contes en prose (et comme, plus tard, dans certains "extraits" de la Bibliothèque universelle 1 U s'agit d'une version de l'Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut publiée dans la Bibliothèque universelle des romans (ci-après bur) enjanvier 1789, dernière année de publication de ce périodique. On consultera mon étude de cette version: "Réécriture/relecture d'un chefd 'œuvre: Manon Lescaut de la Bibliothèque universelle des romans" Cahiers Prévost d'Exilés 8 (1991), 99-111. De la comparaison de cette version à l'originale il ressort que le génie de Prévost c'est avant tout dans son invention d'une diégèse unique, car l'abrégé de la BUR, malgré son style relativement médiocre et sa réduction à deux tiers de la longueur originale, retient sa capacité d'émouvoir le cœur: l'histoire garde essentiellement son identité avec elle-même. On peut donc conclure que la diégèse est l'élément le plus important en narratologie. 2 HISTOIRE / ET / LETTRES / PORT TENDRES / D'UN / MILORD / ET D'UNE / DAME ANGLOISE / TRADUITES DE l'anglois / Par Mr. des souches, de l'A / cadémie Roíale de Musique. / [fleuron] / A brusselle / Chez GEORGE DE backer, / Imprimeur & Marchand-Librai / re, à la Bergh-straet. 171 1. / [trait horizontal] / avec privilege, selon-12, quatre estampes (voir p. 1 1 1). Ce texte sera cité dans ses orthographe et ponctuation originales. EIGHTEENTH-CENTURY FICTION, Volume 6, Number 2, January 1994 110 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION des romans), une seconde fois et plus longuement sous la forme de lettres, ainsi que l'indique son titre. Voici pour l'auteur: on trouve les noms de "Dessouches" et "Dessouche" parmi les "acteurs chantant dans les chœurs" de l'Académie Royale de Musique, c'est-à-dire l'Opéra de Paris, respectivement dans Sémélé de La Motte et Marais (le 9 avril 1709) et dans Cadmus de Quinault et Lully (repris le 28 août 171 1).3 Il s'agit sans doute de la même personne dans les deux cas. On sait donc à peu près certainement que ni le nom d'auteur donné à la page de titre du roman ni l'indice, "de l'Académie Royale de Musique," ne sont des fictions. Les deux textes du roman sont précédés d'autres morceaux, tous sans pagination: une "Epître à Madame la Maréchale de Villars" de huit pages en grosses lettres, un "Avis au Lecteur" imprimé en italiques et établissant explicitement la convention de la pseudo-histoire (six pages), une "Approbation " du 15 décembre 1710, signée Fontenelle à Paris (une page), et un "Extrait du Privilège" du 7 mars 1711, signé Loyens à Bruxelles (une page). L'Histoire, imprimée de la même fonte que les Lettres, occupe les pages 1-42, tandis que les Lettres, y compris une page de titre séparée, occupent les pages 43 à 280. Etant donné la présence de quatre estampes comptées dans la pagination, l'Histoire n'a pas une moyenne de plus de 200 mots par page, alors que les pages...

pdf

Share