In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviews Jean-Paul Sermain. Métafictions (1670-1730): La réjlexivité dans la littérature d'imagination. Paris: Honoré Champion, 2002. 464pp. €74. ISBN 2-7453-0450-X. Le titre de cet imposant ouvrage suggère bien le but que s'est imposéJeanPaul Sermain qui se penche sur les mécanismes de l'autocritique à l'intérieur de la fiction narrative. Le roman à l'époque de la crise de la conscience européenne porte en lui-même les germes de sa propre dénonciation. On ne compte plus les formules de dénigrement ou les procédés de distanciation qui émaillent la production romanesque du temps. Le roman devient parodie, caricature, antiroman. Sous le terme de «métafiction», l'auteur envisage toutes les ressources discursives qui conduisent à une démystification du contenu diégétique. Le premier dispositifqui invite le lecteur à ce détachement est le déni de la fable. Celle-ci, particulièrement prisée par les romanciers, appelle un décryptage herméneutique et une lecture au second degré: «le roman qui reprend le motifde la fable s'en sert pour mettre en question son propre discours et l'économie du genre dont il relève» (p. 49). Dans cette perspective critique des leurres de la fiction,J.-P. Sermain a mis en lumière l'importance du Don Quichotte de Cervantes d'où dérive la suspicion qui entache cette forme littéraire à l'aube des Lumières (p. 75). La seconde partie du livre lève le voile sur une autre modalité de la contestation romanesque: celle du «trompe-l'œil» (p. 115) qui consiste à donner au roman l'apparence de la réalité, simulacre qu'on retrouve notamment dans les pseudo-mémoires et les histoires. Mais ce semblant de réalisme se révèle lui-même paradoxal puisque, par certaines dissonances ou contradictions internes, il met au jour les invraisemblances du discours fïctionnel. La subversion du romanesque irradie encore dans les «détournements ironiques» (p. 137) que subit souvent la matière diégétique. Après avoir étudié les rapports entre l'énoncé et renonciation, la troisième partie de l'ouvrage se concentre sur l'utopie, l'allégorie et l'antiroman, trois genres narratifs où s'élabore une réflexion particulièrement corrosive à l'égard de la fabulation. Touchant aux textes fondateurs de Veiras et de Foigny, Sermain montre comment la glose rationaliste de l'éditeur, alors que celui-ci se dit garant de l'authenticité des faits, trahit la «fictivité» des aventures racontées (p. 201). En ce qu'elle présente des indices de dysfonctionnement permettant de rejeter le sens littéral au profit d'un déchiffrement symbolique, l'allégorie participe d'une stratégie analogue de «déréalisation de l'énoncé EIGHTEENTH-CENTURY FICTION, Volume 15, Number 2,Jaiuiaiy 2003 304 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION15:2 narratif» (p. 255). Orientée vers la contestation de la forme, la veine antiromanesque trouve son apogée chez Bordeion où «le lecteur est confronté à un kaléidoscope de textes» (p. 286) et de fragments discursifs tels ceux de La Fausse Clélie ou du Comte de Gabalis qui interfèrent avec le récit premier. Lorsque l'auteur de Gongam évoque dans son «Avertissement» la «liste des possibles narratifs ou des "topoï" qui sont à la disposition de l'écrivain» (p. 289), on a là, dès 171 1, une étonnante préfiguration deJacques leFataliste. Dernier aspect de la «métafiction» envisagée par le chercheur, les«romans au second degré» et les contes de fées réfléchissent sur la manière de narrer. Si, dans les premiers, l'accent se polarise sur l'activité littéraire ou scripturale pratiquée par les personnages, les conteurs s'appuyant sur des sources orales déplacent leur attention vers la réception de l'auditoire.JeanPaul Sermain nous invite à considérer le conte, par la relation qu'il entretient avec l'anecdote relatée et le merveilleux, comme «une matrice du roman du XVI?G siècle» (p. 429). L'enseignement moral qui en découle confirme bien son caractère «métafictionnel...

pdf

Share