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REVIEWS 111 minutieuse et de subtilité exégétique, ainsi que par son envergure intellectuelle et culturelle . Aucun chercheur autant que Sgard n'a marqué de son empreinte la tradition critique prévostienne. Depuis la publication de sa thèse remarquable, Prévost romancier (1968), Sgard a régné sur les études prévostiennes, non seulement par sa direction de la réédition des œuvres romanesques de Prévost aux Presses Universitaires de Grenoble (1977-87) et par la création des Cahiers Prévost d'Exilés, mais aussi par son enthousiasme infatigable à l'égard de l'œuvre de Prévost, pour laquelle il réclame sans cesse la considération qu'on lui a longtemps refusée. L'œuvre critique de Sgard, incontournable , a servi de tremplin à toute une génération de critiques prévostiens, y compris l'auteur de ces lignes. On ne peut qu'applaudir la publication, en un volume, des articles majeurs de Sgard, d'autant plus que les Cahiers, où sont parus nombre de ces études, manquent aux collections de la plupart des bibliothèques. Et puis, quelle meilleure transition entre la vie active et le....Festschrift! Alan J. Singerman Davidson College Du Laurens. Imirce ou la Fille de la nature. Texte présenté et annoté par Annie Rivara. Saint-Étienne: Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1993. 222pp. FFr120. ISBN 2-86272-044-5. La Société Française d'Étude du xviif5 Siècle continue de proposer dans sa collection , «Lire le Dix-huitième Siècle», la divulgation de textes de la littérature française d'accès difficile dont la connaissance permet d'élargir la vision des pratiques littéraires de cette époque. La lecture de textes qui, pour des raisons historiques diverses, ont été de leur temps (ou sont devenus) marginaux, est d'une importance capitale. Une histoire de la littérature qui ne contemple que les textes et les auteurs largement divulgués reste incomplète car elle accueille rarement les produits non canoniques, expérimentaux, censur és, provocateurs. Or, la matière commune à partir de laquelle les textes sont bâtis devient perceptible à la lecture de ces textes, oubliés et declassifies. Chez eux, la circulation de thèmes, de types de discours, le mélange des genres, la mise à nu des procédés narratifs, la typologie des personnages, se font selon une logique issue des contingences externes et internes de la production qui se donnent à voir; contingences externes: la censure , les besognes alimentaires, la commande; contingences internes: le réseau textuel et axiologique convoqué, l'exercice de l'écriture, le lieu éthique et politique d'où l'auteur choisit de parler. Une bibliographie des textes dits irréguliers devient, grâce à de pareils efforts de publication, de plus en plus significative et complète. Annie Rivara présente un corps de fictions du xvnr5 siècle de connaissance indispensable à tout lecteur qui veuille intégrer Imirce et l'œuvre de Du Laurens dans la production de son époque, ainsi qu'une liste d'importantes études sur l'œuvre de cet auteur ou «éclairant [sa] pensée». Le parcours biographique de Du Laurens présenté par Rivara permet de dessiner le cadre où la pratique littéraire de cet abbé s'inscrit: persécution constante à la suite de la parution de ses textes, vagabondage, exil, activités alimentaires comme correcteur, journaliste, travailleur chez des libraires, jusqu'à l'emprisonnement à vie. L'existence aventureuse dans un temps de forte répression, bien que n'étant pas exclusive de Du 112 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION 9:1 Laurens, semble s'accorder à cet «usage du savoir» dont parle Rivara (p. 22). Pluralit é, paradoxe, contradiction, dissolution de tout système sont des effets que le registre satirique ou critique permanent de son œuvre réussit à intégrer. L'absence de singularit é attribuée souvent à ces textes, cette «impression du déjà lu» (p. 12), qui justifierait leur classement en seconde catégorie, ne se pose pas si, comme le prouve l'excellente préface à cette édition, le lecteur est capable de déceler le type de rapport existant entre la forme textuelle et la pensée qui se produit...

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