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384 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION 10:3 Raymond Trousson, éd. Romans defemmes du xviif siècle. Paris: Robert Laffont, 1996. lxxv + 1085pp. FFr158. ISBN 2-221-08097-1. Il faut saluer la publication de ce riche volume consacré à des romans féminins parus entre 1735 et 1824. Les dix auteurs et quatorze romans qui composent cette sélection deviennent ainsi accessibles au grand public et aux cours de littérature qui ont trop longtemps ignoré ou négligé la contribution des femmes du xviif siècle au genre romanesque. Pour donner un aperçu du roman féminin du xvme siècle et du début du xixe siècle en un seul volume, il fallait nécessairement se limiter à des œuvres relativement brèves (ce qui explique l'omission délibérée des romans de Mme de Staël), et se résoudre à laisser de côté un certain nombre de romancières (Mme d'Épinay, Mme de Puisieux, par exemple). On pourrait donc légitimement regretter l'absence d'un second volume. Mais toutes les œuvres choisies ont remporté en leur temps un succès considérable, ce qui permet de mieux saisir les goûts et les attentes du public de l'époque. Dans une introduction générale de 17 pages, Raymond Trousson rappelle le discours ambigu des Lumières sur les femmes et la précarité du statut de l'écrivain, et plus particulièrement de celui de la femme de lettres, dans la société d'Ancien Régime. Chaque romancière retenue a droit, de plus, à une introduction particulière qui offre un aperçu de sa vie et de l'ensemble de son œuvre. Toutes les introductions contiennent des références précises aux sources utilisées et le recueil se termine par une bibliographie générale. On ne saurait s'étonner que des 14 romans qui composent cette sélection, 11 soient des romans épistolaires. Le goût du xvme siècle pour ce genre est connu et bien illustré dans ce volume: des Lettres d'une Péruvienne (1747) de Mme de Graffigny à Ourika (1823) et Edouard (1824) de Mme de Duras, le succès du roman épistolaire ne se dément pas comme en témoignent les Lettres de Mistriss Fanni Butlerd (1757) de Mme de Riccoboni, les Lettres neuchâteloises (1784), la Lettre de Mistriss Henley et les Lettres écrites de Lausanne (1785 et 1787) d'Isabelle de Charrière, Adèle de Sénange (1794) de Mme de Flahaut, Claire d'Albe (1799) de Mme Cottin et Valérie (1803) de Mme de Krûdner. L'aptitude épistolaire que l'on concédait alors bien volontiers aux femmes explique la prédilection de ces dernières pour une forme romanesque qui leur offrait, de surcroît, le moyen de se dire dans une société qui leur accordait bien peu d'occasions de s'exprimer. Comme le remarque Raymond Trousson, «pour des êtres exclus du social, la lettre permit le déploiement de la subjectivité, l'émergence d'un «je» rarement manifeste dans la vie réelle» (pp. xxii-xxiii). La place occupée dans ce recueil par les autres formes romanesques est nécessairement réduite: le roman-mémoire est représenté par les Mémoires du Comte de Comminge (1735) de Mme de Tencin et Mémoire de Madame de Valmont (1788) d'Olympe de Gouges; la nouvelle historique par Mademoiselle de Clermont (1802) de Mme de Genlis. Chacune de ces œuvres mérite d'être étudiée pour sa spécificité. Leur juxtaposition fait aussi clairement apparaître certains topoï tout comme elle fait REVIEWS 385 ressortir l'originalité de certains textes. Cette juxtaposition rend également perceptibles les liens plus profonds qui unissent ces œuvres et laisse entrevoir une vision féminine du monde et de la société. Marie-France Silver Collège Glendon, Université York ...

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