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Reviews/Comptes Rendus Marc André Bernier. Libertinage etfigures du savoir: rhétorique et roman libertin dans la France des Lumières (1 734-1 751). Laval: Les Presses de l'Université Laval, 2001. ix + 273pp. CAD$28. ISBN 2-7475-0947-8. C'est la troisième partie de cet ouvrage qui lui donne son titre global, mais en fait ce sont plutôt les deux premières, qui élaborent le concept d'une«rhétorique de l'esprit», qui sont les plus originales et les plus fascinantes. Le sujet est de taille, et n'ambitionne rien de moins que de lier profondément une évolution dans la théorie rhétorique à la naissance de la raison critique, laquelle informerait à son tour toute l'entreprise de la littérature libertine. Marc André Bernier veut re-associer en quelque sorte libertinage d'esprit et libertinage de mœurs, ou en tout cas arguer contre une approche plus traditionnelle qui s'efforcerait de les séparer. Selon lui, il est de l'essence du roman libertin d'être osé, et c'est bien cela qu'il a en commun avec le mouvement philosophique. Loin d'y voir, commeJean Marie Goulemot, une sorte de roman pornographique manqué, compromis par son discours trop raisonneur, Bernier nous ramène vers la notion d'une «doctrine privée»— essentiellement le matérialisme de l'âme et un corollaire pratique portant l'individu sur les plaisirs charnels—caractéristique d'une certain époque et non d'autres. Son cas est d'autant plus fort, et d'autant plus varié et nuancé, qu'il a consulté, en plus des plus connues, un nombre invraisemblable d'œuvres de rhétorique restées dans l'ombre. Il faut y ajouter son utilisation de plusieurs oeuvres libertines plus qu'oubliées, et non seulement les Thérèsephilosopheet Bijoux indiscrets qui se trouvent aujourd'hui dans toutes les anthologies. On sent toutefois dans la discussion une application constante mais subtile de son goût; Bernier sait distinguer différentes qualités d'écrits sans pour autant reconnaître entre eux une hiérarchie quelconque quant à leur valeur documentaire. Il ne doute pas que les Lumières n'aient possédé un style bien à elles, qu'il rattache à la rhétorique ancienne, dans un développement un peu long sur la tutelle de Sénèque à l'ère du libertinage moderne. Mais le parallèle s'impose. 318 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION16:2 Il donne maints exemples de toutes les séductions du langage figuré mises à contribution dans les romans licencieux qui ont la prétention, ironique ou réelle, de former lesjeunes gens à l'esprit du monde. Par conséquent, il s'agit aussi de traiter du style mondain au milieu du XVIIIe siècle: Avec cette idée d'un « vrai savoir » sur lequel s'ajustent des saillies enjouées, voilà que se découvrent enfin les fondements d'une éloquence dont le destin sejoue tout entier sur une étroite alliance entre argument et figure, savoir et lutte contre les préjugés, science nouvelle et séduction, voire érotisation du discours philosophique. Mais, en même temps que l'unité de la République des Lettres et le libertinage d'esprit, triomphe alors une conception de l'éloquence bientôt susceptible de régir l'écriture « ingénieuse » de romans comme Thérèse philosophe et Les Bijoux indiscrets, Le Sopha et Les Lauriers ecclésiastiques, (p. 127) À ce titre Bernier n'est pas loin de conforter la thèse de Roger Laufer dans Style rococo, style des Lumières, voire celle de Peter Gay dans The Rise ofModem Paganism. Quand on a compris l'intégration de l'effet souhaité (la fonction pragmatique) et des moyens utilisés (les figures) dans une théorie nouvelle du discours, on comprend aussi l'enjeu d'une résistance dressée par les«Anciens» du temps contre la nouveauté d'une rhétorique aux tours«ingénieux» (pp. 132-34)—autrement dit tout le danger que représente un style insinuant commandé par une sorte d'ironie adroite et implicite. La troisième partie consiste en un essai d'application de la...

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