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160EIGHTEENTH-CENTURY FICTION15:1 especially the feelings of protagonists swept along in a colourful romance. Unusually, it is told from the differing points of view of two narrators, the wretched daughters ofthe unlucky Mary Queen ofScots. It is still a gripping tale well worth the read. MalcolmJack London Denis Veiras. L'Histoire des Sévarambes. Édition critique par Aubrey Rosenberg. Paris: Honoré Champion, 2001. 332pp. Libre pensée et littérature clandestine 5. ISBN 2-7453-0426-7. Spécialiste de Rousseau, Aubrey Rosenberg s'est aussi bien imposé par ses travaux sur l'utopie, et les ouvrages qu'ils a consacrés à Tyssot de Patot et Gueudeville sont unanimement appréciés des érudits. Son édition toute récente de YHhtoire des Sévarambes stimulera l'intérêt des chercheurs pour un genre littéraire dont ils négligent parfois l'originalité et la richesse. Elle retient de plus l'attention sur le bouillonnement des idées qui caract érise le milieu huguenot avant et après la révocation de l'Édit de Nantes, spécialement en situation d'exil. Rosenberg le souligne dans son«Introduction», l'auteur présumé de ce roman en 5 volumes (1677-79) est né dans une famille protestante. Vie instable, partagée entre plusieurs pays, comme celle du narrateur des Sévarambes. Enrôlé à 16 ans dans les armées impériales, Veiras (l'orthographe de son nom est incertaine) fit deux séjours en Angleterre, où il connut Samuel Pepys, revint en France, puis—après la date fatidique de 1685—gagna sans doute la Hollande; enfin , son retour à Alais, sa ville natale, est attesté en 1696 (pp. 9-12). Les liens avec l'Angleterre et la Hollande ne sont pas le seul point commun entre Veiras et Tyssot. Les deux écrivains ont des affinités incontestables : leurs préoccupations se recoupent, et ils utilisent pour tromper la censure des procédés littéraires analogues. On trouve de singulières considérations sur la langue tant dans les Sévarambes que dans les Voyages et aventures deJacques Masséou encore dans le roman de Gabriel de Foigny, La Terre australe connue, publié au même moment que l'œuvre de Veiras. Les trois auteurs ont recours à la thématique du naufrage pour mettre leurs héros en contact avec un monde inconnu; les mêmes stratégies de rupture leur permettent de proposer du nouveau tout en le parant d'un faux air d'irréalité. Le XVIIe et le XVIIIe siècles, dans pareils cas, se fondent, et il n'y a pas lieu de les séparer. REVIEWS161 Sous plus d'un aspect, la constitution donnée par Sévarias à la nation qui lui emprunte son nom annonce certes la pensée des Lumières. Le système politique, suivant les termes de Rosenberg, apparaît comme «un genre de meritocratic fondée sur une soumission absolue à la religion civile et sur la préservation de libertés individuelles, avec des élections démocratiques» (p. 32). Méritocratie est le mot, si l'on tient compte du soin avec lequel Veiras distingue les fonctions et les grades dans une société fortement hiérarchisée en dépit de l'abolition de la propriété privée et de l'absence d'argent. Avant Rousseau, se manifeste le souci de concilier l'égalité et l'efficacité ou, si l'on préfère, le droit et la force; la figure mythique, authentiquement sacrée, du législateur, prévient déjà, chez les Sévarambes, les contestations et les écarts. Au demeurant, Veiras, en bon utopiste, oublie une vérité première: ce qui séduit l'imagination peut être mortel dans la réalité. Une communauté où chacun vit sous les yeux de tous (repas pris en commun...), où les enfants sont enlevés à leurs parents, les deux sexes contraints au maniement des armes jusqu'au seuil de la vieillesse, une telle organisation est difficilement respirable; la monarchie des Sévarambes, que Rosenberg qualifie très justement de «métaphysique» (p. 33), est un parfait modèle de totalitarisme , que ne compense pas la «douceur de...

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