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REVIEWS 85 paraît être le fait que cette preuve est privée par Pascal de sa fonction apologétique: cette preuve n'en est plus une, ou plutôt, cette preuve ne sert pas à prouver l'existence du Dieu chrétien, mais seulement d'un "être nécessaire, éternel et infini"—"ce qui est proprement le déisme" (Lafuma 449/Sellier 690). Ainsi, je ne conteste pas le caractère anti-cartésien du fragment, mais je souligne le fait que dans ce fragment le but principal de Pascal n'est pas de contester la preuve cartésienne. Dans le fragment du "pari," le contre-sens me paraît plus radical et plus pernicieux. L'interlocuteur est un sceptique: il se trouve donc dans l'incertitude et par conséquent ne sait pas ce qu'il doit faire, comment il doit vivre. Pascal prétend lui démontrer que son intérêt est de croire, et il y réussit: "la raison vous y porte." Il constate que son incapacité de croire provient des passions et lui enseigne comment maîtriser ces passions: "C'est en faisant comme s'ils croyaient. ... Naturellement même cela vous fera croire et vous abêtira." Enfin, l'interlocuteur s'exclame: "O ce discours me transporte, me ravit, etc." Est-ce à dire qu'il est converti? Bien sûr que non. Il n'a pas même commencé à suivre ce rituel qui imprimera en lui le sentiment de la foi. Seulement, il est réconforté d'apprendre que "vous y gagnerez en cette vie," et il sait maintenant ce qu'il doit faire, comment il doit vivre—ce qui était bien le seul but de l'argumentation. Il n'y a donc pas ici l'image d'une conversion: il n'y a donc pas de "grâce" ni de "cercle vicieux." Ce contre-sens me semble miner les conclusions de Kelly dans son analyse du fragment. J'ajoute, en un mot, que l'analyse de Goldmann, qui sert l'interprétation de Kelly, me paraît très fragile sur la nature de la foi: si la foi se réduit au "pari," à quoi bon aligner les preuves scripturaires? Si le pari est exemplaire de la foi de tous les fidèles, comment prétendre que "nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ. Sans ce médiateur est ôtée toute communication avec Dieu" (Lafuma 189/Sellier 221). Il y a ici une difficult é majeure, que je ne fais que résumer, mais qui est une question de cohérence de l'argumentation apologétique. Sur ce point capital, l'analyse de Kelly me paraît être réductrice: l'extrême lourdeur de l'appareil méthodologique masque l'extrême simplicité de l'interprétation de la philosophie religieuse. L'analyse syntaxique des "fictions"—des histoires exemplaires proposées par Pascal— aussi profonde soit-elle, ne me semble pas suffire à elle-même: elle appelle, à mes yeux, un élargissement des horizons et un approfondissement du contexte historique. En effet, d'une part, de très nombreux fragments pertinents pour l'analyse de la position anti-cartésienne de Pascal sont ici passés sous silence, avec le risque de simplifier la problématique à outrance; d'autre part, l'identification de la position philosophique de l'interlocuteur me paraît vitale dans l'interprétation de la cohérence de l'argumentation apologétique de Pascal et, partant, pour l'interprétation des fragments individuels. Antony McKenna Université Jean Monnet Gabriel de Foigny. The Southern Land, Known. Translated and edited by David Fausett. Syracuse: Syracuse University Press, 1993. 1 + 152pp. US$24.95. ISBN 0-8156-2571-5. La couverture de ce livre a raison de l'annoncer: La Terre Australe connue, publiée en 1676 par Gabriel de Foigny, est non seulement un texte à résonance éminemment moderne , mais encore un des voyages imaginaires les plus importants de son époque, doublé d'une extrapolation socio-politique qu'aucune histoire sérieuse de l'utopisme ne peut se 86 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION 7:1 permettre d'ignorer. A ceux qui lisent le français, ce texte est d...

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