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REVIEWS/COMPTES RENDUS143 Shojiro Kuwase. Les Confessions deJean-Jacques Rousseau en France (1770-1794). Paris: Honoré Champion, 2003. 328pp. 60€. ISBN 27453 -0750-9. Plusieurs années avant la publication des Confessions (1782-89), la vie de Jeanjacques Rousseau retint l'attention du public et fut l'objet de nombreux commentaires de la part des intervenants de la sphère culturelle. Ecrivain errant et malheureux qui tira de sa marginalité un droit d'accès à la vérité (J.M . Goulemot), perçu par ses admirateurs comme l'incarnation moderne de la vertu cynique et souvent comparé à Socrate, Rousseau fut, pour ses« amis » aussi bien que pour ses « ennemis », un écrivain dont la « vie » (ou la biographie) était essentielle à la lecture et à l'intelligence de son œuvre. Les uns, n'y voyant qu'inconséquence, ingratitude et folies, y trouvaient un bon argument pour discréditer les ouvrages de Rousseau, tandis que les autres y découvraient au contraire la preuve ultime de sa vertu et concluaient à l'utilité publique de son œuvre. Shojiro Kuwase analyse en détail non seulement la pléthore de discours tenus sur Les Confessions après la publication de la première partie en 1782, mais encore les débats générés par le projet de Rousseau d'écrire ses Mémoires au début des années 1760, projet rendu public dès 1766 lors de G« affaire Hume ». Ainsi, même si la période officiellement couverte par l'ouvrage est celle des années 1770-94, l'auteur consacre un intéressant chapitre (première partie, chap. 1) aux enjeux du projet autobiographique et aux problèmes spécifiques liés à la « vie » de Rousseau telle que perçue par ses contemporains. Dans chacune des trois parties de l'ouvrage—« Les Confessionsde Rousseau avant la publication (1770-1782) », « La réception des Confessions (1782-1789) », « Les Confessions dans la Révolution (1789-1794) »—Kuwase analyse patiemment les nombreux écrits traitant des Confessions et les polémiques qui opposent tantôt les supposés amis et ennemis de Rousseau, tantôt encore ceux qui, s'affichant comme ses défenseurs, cherchent à s'approprier l'héritage symbolique du grand homme. Il montre que tous ceux qui parlent de Rousseau et des Confessions? ont finalement intérêt, qu'il y a là un capital symbolique qui attend preneur. Même l'Académie française, en mal de légitimité dans les mois qui suivent la prise de la Bastille, sacrifie aux mânes de Rousseau etpropose poursujetdu prix d'Éloquence son éloge afin de plaire aux patriotes (228-29). Prenant pour objet d'analyse, non Les Confessions elles-mêmes, mais les discours critiques à caractère polémique sur Les Confessions, l'ouvrage de Kuwase tient en partie de l'histoire de la réception. Mais, comme le précise l'auteur dès l'ouverture (12-13) et comme il le démontre tout au long de son analyse, l'essentiel n'est pas ici de déterminer G« écart esthétique » (Jauss) provoqué par l'œuvre de Rousseau ni de voir sur quel « horizon » se déploie 144 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION17:1 le texte autobiographique, mais de s'interroger sur les raisons qui incitent tel ou tel intervenant de la sphère culturelle à prendre telle ou telle position à l'égard des Confessions à telle ou telle époque (1770-78; 1778-89; 1789-94). Autrement dit, l'ouvrage de Kuwase relève aussi bien de l'histoire de la réception que de l'analyse du discours, même si sa filiation avec cette dernière approche n'estjamais explicitée. Des analyses détaillées, il ressort globalement que Les Confessionsposent un important problème d'assimilation à la culture du XVIIIe siècle et que le débat sur l'ouvrage ne se clôt pas avec le transfert des cendres de Rousseau au Panthéon en 1794. Parler des Confessions, même pendant la période révolutionnaire alors que Rousseau est quasi unanimement adulé, requiert un certain nombre de précautions rhétoriques : plusieurs intervenants, pourtantfavorables àl'auteurde YÉmüeetdu Contratsocial, sont mal à l'aise...

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