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REVIEWS495 Daniela Gallingani. MytL·, machine, magie. Trad. Monique Guibert. Paris: Presses Universitaires de France, 2002. 141pp. €14. ISBN 2-13052436 -2. Le titre de ce petit ouvrage, MytL·, machine, magie, annonce une tripartition thématique qui rappelle Mythes, rêves et mystèresde Mircea Eliade, auquel il est fait allusion. De rêves et de mystères il est aussi question dans les sept courts chapitres de l'essai de Daniela Gallingani: à cet égard, les expériences sur le magnétisme menées à la fin du XVIIIe siècle par Mesmer (ses Mémoires sur la découverte du magnétisme animaldatent de 1779) suscitent autant la méfiance que l'enthousiasme. C'est ce mélange de points de vue sur la « nouvelle science » qui est décrit dans le deuxième chapitre, après une présentation rapide des trois thèmes clés dans les sections précédentes: l'introduction fait la part belle à la magie, tandis que le mythe et la machine sont renvoyés au chapitre premier, avant d'être analysés en détail dans les deux derniers chapitres, avec une nette prédominance accordée à l'exploitation romanesque de la machine aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le cadre temporel dans lequel l'auteur puise ses exemples est relativement souple: il s'étire de la Renaissance jusqu'au XIXe siècle, mais se concentre plus spécifiquement sur le Siècle des lumières. L'impression de dispersion que l'on ressent parfois à la lecture de l'essai provient moins de cette flexibilité que de la difficulté à faire tenir ensemble les trois thèmes dans moins de deux cents pages. Le résultat est un petit livre extrêmement dense, érudit, mais dont les articulations internes, tantôt absentes, tantôt très marquées et renforcées par l'intitulation des nombreuses sous-parties, accusent un manque de liant dans l'ensemble. Le débat sur le magnétisme, au cœur de l'essai (chapitres 2-5) , donne lieu aux développements les plus stimulants. Gallingani montre bien comment les disputes entre partisans et dénonciateurs du mesmérisme révèlent les ambiguïtés, incertitudes et contradictions d'un nouveau savoir qui cherche à se détacher de ses racines occultes pour se hisser au rang de science. La coexistence de l'esprit des Lumières avec l'hermétisme produit une indifférenciation des objets et des discours, malgré les efforts de rationalisation du savoir. L'auteur insiste sur la convergence paradoxale du mythe du progrès et du rêve alchimique de dominer la nature, tous les deux procédant d'un semblable « 'retour imaginaire' aux origines » permettant la « régénération » (p. 11) de l'humain et de la société. D'autres mythes sont évoqués au début et à la fin de l'essai: du mythe de G« harmonie universelle » ou des « correspondances harmonieuses » dépendent les diéories de Mesmer qui établit une corrélation entre les « désordres et l'harmonie du corps humain » et les« pouvoirs d'un fluide cosmique » (p. 89) . La confusion entre science et magie apparaît dans les traités savants de la fin de l'Ancien Régime et du début du XIXe siècle. Qu'ils prennent position pour ou contre la reconnaissance du magnétisme comme discipline médicale 496 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION16:3 et objet de connaissance, les auteurs cités, entre autres D'Eslon, Bergasse, Thouret, J.-P. Marat et J.-P.-F. Deleuze, hésitent entre une explication naturelle, rationnelle, scientifique des phénomèmes extraordinaires observés et une explication surnaturelle, magique. D'où la « polyphonie » des croyances et des discours qui circulent sur l'origine et la nature des prodiges. L'emploi d'un langage imagé pour décrire les faits est également symptomatique de la difficulté de construire un savoir unifié par un discours univoque. La terminologie soulève des questions qui auraient mérité qu'on s'y arrête davantage: les catégories du prodigieux, du merveilleux, du fantastique et du surnaturel sont très souvent citées mais rarement distinguées. En revanche...

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