Souvenirs d'un sexagénaire (review)

494 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION16:3 Antoine-Vincent Arnault. Souvenirs d'un sexagénaire. Edition critique de Raymond Trousson. Paris: Honoré Champion, 2003. 913 pp. €120. ISBN 2-7453-0828-9. Figure représentative de l'époque néo-classique, Antoine-Vincent Arnault (1766-1834) fut un auteur prolifique: outre des poèmes, des fables souvent rééditées, une Vie politique et militaire de Napoléon, il composa des tragédies appréciées de ses contemporains avant que l'irruption du Romantisme sur la scène française ne vînt changer le goût du public. Il collabora avec Méhul et fut l'ami intime de Talma quijoua dans la plupart de ses pièces. D'abord royaliste, il devint ensuite fervent bonapartiste. En 1797, lors de la campagne d'Italie, il fut chargé par Bonaparte du gouvernement civil des Iles Ioniennes et, en 1799, il participa au coup d'État du 18 Brumaire aux côtés du futur empereur. Il fut fonctionnaire sous le Consulat et l'Empire et gravit tous les échelons de l'Instruction publique avant de subir un long exil sous Louis XVIII. Les seize livres qui composent le présent volume couvrent la période qui s'étend de la naissance de l'auteur au coup d'État du 18 Brumaire. Arnault en termina la rédaction vers l'automne 1832 et il est clair qu'il avait l'intention de continuer le récit de sa vie mais qu'il n'en eût pas le temps (pp. 772-73). Préparée par Raymond Trousson, cette édition critique des Souvenirs d'un sexagénaire attire l'attention sur ce qui est probablement l'œuvre la plus intéressante et la plus originale d'Amault. S'ils ne livrent guère de confidences très intimes («Je ne suis pas un héros d'histoire » souligne l'auteur), les Souvenirs tracent une vaste et vivante fresque de la France de la fin du XVIIIe siècle. Familier de Bonaparte et de sa famille, Arnault côtoya toutes les célébrités de son temps. Dans ses Souvenirs il fait merveilleusement revivre toutes les personnalités du monde des lettres, du théâtre, des arts et de la politique. Comme le remarque Trousson, « Pour tous il a un mot, un souvenir, une anecdote, un trait » (p. 31). Souvent pillés par les historiens et les critiques littéraires, les Souvenirs n'avaient pourtant donné lieu qu'à deux éditions: celle de 1833 et celle de 1908-10, toutes deux en quatre volumes. Cette nouvelle édition présente tout le texte des Souvenirs en un seul volume. Elle est aussi très utile par la préface dans laquelle Trousson esquisse une biographie de l'auteur et commente la réception de ses œuvres, ainsi que par la bibliographie et l'index qui se trouvent en fin de volume. D'une lecture facile, agréable, voire souvent amusante, les Souvenirs devraient, malgré la longueur de l'ouvrage, attirer ceux et celles que passionne cette période mouvementée de l'histoire de France. Marie-France Silver Collège Glendon (Université York) ...