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La Présence des romans dans le colportage à la fin du xviiie siècle: les archives de Boisserand Françoise Weil Nous avons étudié récemment un réseau de colportage des années 1765-1780, réseau à la tête duquel se trouvait un certain André Boisserand.1 Or le colporteur de cette fin du XVIIIe siècle c'est plus ce «pauvre diable qui parcourt les villages à pied, vendant la mercerie et les almanachs enfermés dans une caisse suspendue à son cou».2 Il possède souvent, comme le colporteur Gille étudié par Darnton, une charrette tirée par un cheval. Un projet de règlement rédigé en 1786 précisera: «Il ne leur sera permis de faire leur commerce que sur des tréteaux en lieux ouverts ou avec la balle, la hotte ou le vannier. N'entend néanmoins Sa Majesté interdire aux colporteurs forains quifont leur commerce en passant d'un lieu à l'autre de transporter leurs livres sur un cheval, sur une charrette ou telle autre manière qui hur conviendra le mieux».3 Nous avons là certainement une bonne définition des colporteurs qui souvent «restent environ deux mois dans chaque ville».4 Les libraires installés ne s'y trompèrent pas lors1 VoirF.Weil «Une secte de colporteurs venus du Dévoluy (1764-1780)», AustralianJournal ofFrench Studies 37, n° 2 (mai-août 2000), 165-202. 2 R. Darnton, Édition et sédition (Paris: Gallimard, 1991), p. 66. 3 Archives départementales de la Côte d'Or, C 381. 4 Archives départementales de la Côte d'Or, C 380. EIGHTEENTH-CENTURY FICTION, Volume 14, Numbers 3-4, April-July 2002 792EIGHTEENTH-CENTURY FICTION qu'ils refusèrent ce règlement: «Nous croyons voir se former une nouvelle classe de libraires subalternes».5 Boisserand écrivait en 1775: «Je faisais vendre des marchandises par divers commis dans les provinces voisines ainsi queje l'ai toujours pratiqué depuis mon établissement». Il est probable que certains de ces commis s'installèrent à leur tour, et même devinrent de véritables libraires établis, comme Antoine Habert, beau-frère de Boisserand et comme lui originaire du Dévoluy. Les Archives départementales de la Loire à Saint-Etienne conservent pour notre bonheur 11 registres de livres de compte d'André Boisserand.6 Ces registres proviennent sans doute du lot n°2 de l'inventaire fait à Roanne le 7 février 1782: «16 registres ou livres de compte tant anciens que nouveaux relatifs au commerce de Boisserand , et dont les feuilles écrites sont en grande partie barrées».7 Les registres conservés à Saint-Etienne contiennent en effet, outre des doubles des lettres écrites par Boisserand, des listes de livres préparés à Roanne par André Boisserand entre 1768 et 1782 pour être envoyés à ses différents commis ou clients, livres souvent choisis par ces intermédiaires. Ces listes semblent avoir été dressées dans l'ordre des livres mis en caisse, sans souci de regroupement des différents exemplaires d'un même envoi. Et l'on ne trouvera ni nom d'auteur ni adresse bibliographique. Nous avons essayé d'en dresser la liste, dans l'ordre des auteurs identifiés ou à défaut des titres, avec le total des exemplaires, en indiquant la date de la première édition connue. 5 Archives départementales de la Côte d'Or, C 381. 6 Archives départementales de la Loire, 1 E Dem 4400 et 4401. 7 Bibliothèque municipale de Roanne, HB 107, f°21. LESARCHIVESDEBOISSERAND 793 Le Colporteur. Lithographie, collection Musée Dauphinois. 794EIGHTEENTH-CENTURY FICTION Liste des romans vendus par Boisserand, 1768-74 Adelaide·? 1 exemplaire. Aulnoy (Mme d'), Histoire deJean de Bourbon (Ve éd. 1692); 1 exemplaire, 1769. L'Avanturier hollandois (1729); 1 exemplaire, 1768. Baculard d'Arnaud, Les époux malheureux (1745); 4 exemplaires, 1770-71. Beccary (Mme), Mémoires de Lucie d'Olbery (1769, réimpr. 1770 ); 3 exemplaires, 1770. Bridard de la Garde, Lettres de Thérèse (1739); 1 exemplaire, 1769. Caylus, Histoire de Guilleaume (1737); 1 exemplaire, 1769. Cervantes, Histoire de don Quichotte (1732 ); 13 exemplaires, 1770-74. Crébillon, Lettres de la...

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