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REVIEWS 613 les toponymes, le plus souvent modernisés par Leborgne. Moins développées que dans l'édition précédente, les notes se limitent ici le plus souvent à faciliter la compréhension de certains passages. On y cherchera en vain des remarques sur les variantes entre les différentes versions des Mémoires ou des considérations détaillées sur les multiples réminiscences littéraires qui émaillent ce récit. Il nous paraît au demeurant quelque peu regrettable que pour des raisons d'économie, l'auteur ait volontairement omis dans la bibliographie un certain nombre d'ouvrages et d'articles scientifiques consacrés à l'œuvre de Prévost. En allégeant ainsi l'appareil critique de tout commentaire érudit, le présentateur souhaite manifestement élargir la portée de ce petit roman qui, abandonné en friche par son auteur, ne suscite encore aujourd'hui qu'un intérêt limité. Marie-Christine Pioffet Université York René Démoris et Henri Lafon, éds. Folies romanesques au siècle des Lumières. Paris: Éditions Desjonquères, 1999. 415pp. FFr190. ISBN 284321 -012-7. Des chimères de Don Quichotte, défenseur automandaté des veuves et des orphelins de la Manche, à la folie contagieuse de Rousseau ou à la paranoïa carcérale du divin marquis s'étend un continent discursif riche en insanités de toutes sortes. L'idée, comme on sait, n'est pas nouvelle, etPlaton, Horace ou Aristote se faisaient déjà le relais d'une opinion répandue selon laquelle fêlure et écriture font bon ménage. C'est à une incursion particulièrement intéressante dans l'espace circonscrit de la folie du roman au xvme siècle que nous convie la somme d'études réunies par René Démoris et Henri Lafon, issues du colloque «Folies romanesques au siècle des Lumières» tenu à l'Université de Paris in en décembre 1997. La marque du pluriel de l'expression «folies romanesques» prend ici tout son sens, puisqu'il s'agit bien pour les collaborateurs de ce collectif d'explorer les différentes modalit és par lesquelles se manifeste l'objet insane dans le cadre du roman de ce siècle, abusivement associé aux Lumières et à la Raison. Il apparaît globalement que la souplesse du roman, dépourvu encore du prestige que va lui conférer le xixe siècle, soit dès lors le lieu où la folie ait élu domicile, où elle puisse circuler librement, passant du niveau thématique à l'énonciatif, entraînant quelquefois jusqu'à l'auteur dans sa spirale. Que le premier roman moderne, Don Quichotte, soit justement l'histoire un peu folle d'un lecteur qui a disjoncté et qui entend lire le monde comme il lit ses romans est dès lors significatif: l'intérêt du romanesque repose sur une adhésion partielle à l'illusion, et ce n'est pas encore être fou que de l'être dans le cadre de la lecture d'un roman. C'est peut-être même se donner les moyens de ne pas succomber aux passions réelles que de consentir à croire aux «fantômes de passions». C'est sur la base de ce raisonnement que l'abbé Du Bos, dans ses Réflexions critiques (1719), 614 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION 12:4 entreprend une réhabilitation en règle de la fiction, suivi en cela par les romanciers eux-mêmes, notamment par Marivaux, qui «place au cœur de son roman [La Voiture embourbée] un débat sur le roman» et qui, par ce biais, pourvoit le genre romanesque d'une certaine légitimité en montrant que même «s'il met à jour les imaginations les plus noires [...] il n'est aucunement dangereux» (F. Rubellin, p. 81), la folie quichottesque ne menaçant «qu'une infime minorité de têtes très faibles» (R. Démoris, p. 384). On comprend dès lors l'attention accordée dans le recueil à «L'ombre de Don Quichotte», qui est aussi le titre de la première des six rubriques sous lesquelles s'ordonnent les vingt-cinq contributions. Ce qui se trame, dans cette ombre et...

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