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610 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION 12:4 L'analogie convaincante entre le récit médiéval et le roman de la décennie en question permet de confirmer dans les deux cas le recours à l'anonymat et au topos du manuscrit volé comme une tactique autorisant la création littéraire. Robert Granderoute s'intéresse, pour sa part, au Sethos, roman emblématique de l'abbé Terrasson qui tente difficilement de concilier l'invention romanesque avec la promotion de ses idées philosophiques en se faisant passer pour le traducteur. Peu importe les ressources du discours, le vrai vient ici légitimer l'imaginaire en quête d'alibis. Mais il y a plus. Loin d'assimiler les contradictions entre le discours du narrateur et celui du préfacier à une simple marque d'hypocrisie de la part de l'auteur afin de déjouer la censure ainsi que le soutiennent de nombreux commentateurs , Carole Dornier voit dans les affirmations d'intention édifiantes d'un Prévost ou d'un Crébillon la preuve que leurs œuvres s'inscrivent dans une perspective reflexive à l'égard des mœurs. Non moins original est l'exposé de Nathalie Ferrand qui reconnaît par-delà la récurrence du motif de la bibliothèque à la fois une manière de réhabiliter le roman des Lumières et le symptôme d'une contemplation autocritique. Signalons enfin brièvement le paradoxe soulevé par Jenny Mander, selon laquelle la prédominance de la première personne se trouve en quelque sorte court-circuitée par l'abondance des commentaires paratextuels, conduisant à l'effacement des contours personnels du roman. Même constat de la part de Régine Jomand-Baudry pour qui l'invasion des notes infrapaginales et des préfaces incarne dans la fiction orientale un «procédé de masquage derrière lequel l'auteur se dissimule prudemment» (p. 137). Il ne fait nul doute que ce collectif servira de référence autant pour les dixhuiti émistes que pour tous ceux qui veulent se familiariser avec les grandes problématiques liées à cette production littéraire. Annie Rivara, en présentant les résultats de cette riche rencontre, nous fait vivement déplorer que les journées consacrées à la réflexion sur le roman du dix-septième siècle n'aient pas eu lieu! Marie-Christine Pioffet Université York Allan Holland. Manon Lescaut de l'abbé Prévost 1731-1759: étude bibliographique et textuelle. Genève: Slatkine Reprints, 1998. 191 + 342pp. HFr92.07. ISBN 2-05-101647-X. Cette étude est une «nouvelle édition revue et augmentée» de celle de 1984. Après une brève introduction où la reproduction littérale de quatre lettres de Prévost permet d'établir ses habitudes d'orthographe et de ponctuation, Allan Holland présente 23 éditions du roman parues entre 1731 et 1759. Il décrit le faux-titre, la page de titre, les titres de départ, la collation, Ia pagination, le contenu, les titres courants, les signatures et les filigranes. Les ornements sont reproduits, assez mal d'ailleurs et sans indication de leurs dimensions. Il indique les localisations des différents exemplaires consultés, presque tous en Europe. Pour chaque édition, il REVIEWS 611 décrit les particularités de l'orthographe et de la ponctuation, ce qui lui permet d'établir la filiation des éditions. Cet examen détaillé mène à une découverte dont l'importance est capitale: les révisions que Prévost auraient faites dans l'édition de 1742. Le fac-similé de cette édition occupe la seconde partie de cet ouvrage. L'auteur a corrigé certaines erreurs de l'édition de 1984, tout en en introduisant de nouvelles (p. 35, «repect»; p. 59, «introductioin»; p. 183, «ceraines»). Il en a soigné le style, même dans son avant-propos de 1981. Dans un nouvel avantpropos , il mentionne pour la première fois ses sources bibliographiques principales (McKerrow, Bowers, Sayce et Laufer), mais, pour les filigranes, il n'a évidemment utilisé ni Heawood ni Churchill ni Gaudriault. Il déclare n'avoir «rien appris qui infirme l'identification des éditions» (p. 6), même si une...

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