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608 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION 12:4 relise La Fille aux yeux dOr, ou encore Une Fille d'Eve—ici se confondent amour et haine, plaisir et souffrance: les leçons de Sade n'ont pas été oubliées. Du coup, le boudoir s'orientalise, devient non seulement étalage de marchandises mais serre, jardin d'hiver où, dans la chaleur artificielle d'une flore tropicale sous un ciel du Nord, des passions inavouables s'épanouissent, comme chez l'incestueuse Renée Béraud dans Ui Curée. En même temps, le décor se dégrade: les courbes sensuelles du rococo sont remplacées par un décor gothique (!) plutôt austère; ailleurs, le boudoir est perçu comme vieilli à un point tel que l'on démolit sans regret, ou presque, les délicieuses «petites maisons» du xvme siècle. C'est en vain que Robert de Montesquiou tentera de faire revivre le passé dans ses Hortensias bleues où «La Pompadourité du clair boudoir rocaille / Rosit, bleuit, blêmit, avec le charme frais / De l'antithèse d'un salon sombre ...» (p. 107). Le héros de Huysmans, modelé dur ce (faux) dandy, transforme le boudoir en revoir, pour reprendre l'esthétique baudelairienne, tandis que d'autres décadents, Jean Lorrain et Mirbeau en tête, le transforment en torturoir, selon l'expression de Rétif. Finalement, il sombrera dans une «bricabracomanie» fin-de-siècle (Goncourt, Praz)... La foule d' informations dans un espace aussi restreint est surprenante. Pourtant, la lecture de ce petit livre n'en est jamais alourdie. Dans la liste des auteurs, il est dommage qu'un auteur aussi important que Rachilde ne soit pas cité. Dommage aussi que le livre se limite à la seule littérature française, comme si la France avait eu l'unique privilège de bouder dans un lieu pouvant servir aussi biend'«oratoire» que de «foutoir». Quelques brèves mentions des intérieurs, variations du boudoir français, aussi bien chez Walter Pater, Oscar Wilde que Stefan George ou Hugo von Hofmannsthal, auraient pu mettre le lecteur sur d'autres pistes, prometteuses, illustrant ainsi le fait que le boudoir et ses transformations traduisent, une fois de plus, le triomphe du goût français en Europe pendant deux siècles environ, et font de Paris sa capitale de la volupté. Hans-Jürgen Greif Université Laval, Québec Annie Rivara, en collaboration avec Antony McKenna, éds. Le Roman des années trente: la génération de Prévost et de Marivaux. Saint-Étienne: Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1998. 167pp. FFr130. ISBN 2-86272-124-7. Témoin de la fécondité des recherches actuelles sur un genre littéraire en pleine mutation, l'ouvrage réunit treize communications prononcées dans le cadre des journées d'études tenues à l'Université de Saint-Étienne les 27 et 28 septembre 1996. Au-delà de la variété des approches et des thèmes abordés se reflètent, à travers les divers exposés, de nombreuses convergences qu'Annie Rivara a su mettre au jour dans son excellente synthèse présentée à la fin du livre. Quelles que soient les techniques employées, les romanciers des années trente, plus que jamais auparavant, prennent conscience de leur art. En témoigne la profusion REVIEWS 609 des commentaires paratextuels qui se présentent comme autant de tentatives de constituer «une théorie du roman affranchie au moins en partie des querelles de la morale» (pp. 164-65). Les affirmations de véracité qui émaillent le discours liminaire de même que l'intrusion d'un intertexte romanesque à l'intérieur des œuvres de cette période manifestent une volonté d'affirmer la légitimité d'un genre encore frappé d'interdiction. Étant donné la densité et la diversité des interventions, nous nous contenterons ici de faire ressortir leur orientation générale. Dans son exposé inaugural d'une demi-page traitant de La Nouvelle Astrée de l'abbé de Choisy, Henri Coulet suggère trois pistes d'analyse pour aborder «ce petit ouvrage de galanterie champêtre», soit les «procédés d'abr...

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