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136 EIGHTEENTH-CENTURY FICTION 12:1 Annie Becq, Montesquieu: «Lettres persanes ». Foliothèque, 77. Paris: Gallimard, 1999. 181pp. FFr45. ISBN 2-07-040213-4. C'est un livre important et délicieux, que les chercheurs liront avec profit en passant sur son agaçante présentation, et qu'ils recommanderont à leurs étudiants en leur disant de ne pas se décourager s'ils ont du mal à le trouver dans le catalogue de la bibliothèque (le titre que j'ai mis ci-dessus reproduit le fauxtitre du volume; il m'a paru moins invraisemblable que les trois autres rédactions fournies respectivement par la page de titre et par les première et quatrième de couverture). La maison Gallimard, à qui on a l'habitude de renvoyer qui veut savoir ce que c'est qu'une belle page harmonieusement équilibrée avec ses notes au bas, a été saisie par la fureurd' innover. L'étude d'A. Becq (ce que la quatrièmede couverture appelle G «essai réalisé par A.B.»; le dossier non plus n'a pas été réuni ni constitué, mais «réalisé») se voit flanquée de marges démesurées où sont placés les renvois. Quant à ces passages qui attirent le regard, sertis de filets dans le corps du texte, ce ne sont pas les perles de la couronne, mais des excursus et d'ordinaire tout simplement les notes trop longues pour se loger en marge. Au surplus, comme on ne peut pas s'attendre que des étudiants, à l'ère du flash et du clip, suivent longtemps le fil des idées, on les a aidés en dotant chaque paragraphe, ou peu s'en faut, d'un titre en grandes capitales. Enfin, qui de nos jours a encore la patience de parcourir 180 petites pages sans la titillation d'un contraste de typographie? Le dossier qui accompagne l'étude se lit donc, si le terme convient encore, dans un de ces caractères sans empattement dont l'inélégance et la médiocre lisibilité sont notoires, et qu'il fallut soumettre par-dessus le marché à une vigoureuse compression latérale pour laisser à la marge son gabarit d'autoroute. Ces fanfreluches consomment de l'espace, et il me semble qu'on le sent dans la prose d'A. Becq, qui a été visiblement contrainte à une parcimonie lacédémonienne. Elle a toujours écrit avec concision, mais on voit bien qu'un peu de jeu ne lui aurait pas déplu ici et qu'elle aurait sans doute aimé ne pas être obligée de mettre tant de choses dans chaque phrase. Cependant on peut faire de nécessité vertu. Il est audacieux de risquer dans un cadre si restreint une lecture synthétique d' une œuvre dont le trait le plus saillant est de se refuser à la synthèse. Le défi est brillamment relevé. A. Becq tient fermement sa «chaîne» et pourtant trouve de la place pour toutes les sinuosités qu'impose un objet aux innombrables facettes. Elle a réussi à parler de tout sans tomber dans le poudroiement, à tenir un discours puissamment organisé sans encarcaner le texte (admirable, la progression subtile qui, à la fin de chaque chapitre, rend le suivant nécessaire) et à proposer un regard d'ensemble sur le corps des Lettres persanes et non sur un squelette qu'elle en aurait abstrait. Je signale par acquit de conscience deux ou trois détails. P. 19, les deuxpoints , au xvme siècle, sont une ponctuation intermédiaire entre le point-virgule et le point; leur fonction typique est de marquer le milieu d'une phrase à deux membres, sans autre sémantisme; ils équivalent alors, comme souvent, à notre point-virgule (la phrase qui suit celle qui est commentée en offre déjà un autre exemple). P. 114: puisque la lettre où Zélis expose son projet de faire appel aux REVIEWS 137 lois ne nous est connue que par une réponse d'Usbek que Montesquieu n'a pas publiée, il eût été sage d'en donner la référence (p. 390 de l'édition Starobinski). P. 143: dans le Dossier, le point d...

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