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  • La technologie entre à l’université. Compiègne, Sevenans, Belfort-Montbéliard…
  • Patrick Fridenson
Pierre Lamard et Yves-Claude Lequin.- La technologie entre à l’université. Compiègne, Sevenans, Belfort-Montbéliard… Belfort, Presses de l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard, 2005, 389 pages. Préfaces de Jean-Pierre ChevÈnement et André Grelon. « Sciences humaines et technologie ».

Ce livre copieux et fort utile est l’œuvre de deux historiens, tous deux en poste à l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard. Il apporte des éléments nouveaux dans trois directions : l’histoire, en cours depuis plus de 25 ans, de l’enseignement supérieur technologique dans son dualisme profond entre écoles et universités (marquée notamment par les travaux du sociologue André Grelon, qui donne une préface historiographique très substantielle appelée à faire date), l’histoire entreprise à une date plus récente des relations entre les différentes collectivités territoriales et les établissements d’enseignement supérieur (où, là encore, André Grelon a été pionnier) et enfin la nouvelle histoire de l’État.

Cependant le titre est pour le moins exagéré. Sur la première université de technologie créée en France, celle de Compiègne (1972), le livre est très riche quant à ses origines lointaines et récentes, et à son processus de création, ou à la complexe personnalité de Guy Deniélou, mais plus que bref sur son fonctionnement, nombre de ses acteurs (dont Pierre Aigrain, étrangement appelé p. 96 « président-directeurgénéral de la recherche scientifique et technique », ou l’historien François Furet) ou ses résultats. Il ne donne même pas de statistiques sur ses étudiants ou ses personnels. Au fond, Compiègne intéresse d’abord les auteurs en tant que cadre d’accueil pour les aspirations des Belfortins et des Montbéliardais. Du même coup, la troisième des universités de technologie, celle de Troyes, créée en 1994 (et non « 1993 », p. 240) alors que François Fillon était ministre, mais pas « de l’Éducation nationale », est présentée seulement dans sa genèse (p. 316–317), elle aussi liée à un conflit entre deux villes. Et sur « l’entrée de la technologie » dans les universités (et les INSA), la première partie du livre donne une synthèse bien informée des origines aux années 1960, mais n’apporte pas d’éléments vraiment nouveaux sur la période postérieure, c’est-à-dire sur la capacité d’une partie des universitaires à développer la technologie. Les auteurs tiennent le dualisme universités-écoles comme un acquis éternel; par conséquent ils sous-estiment le caractère radical de certains accents du rapport de 1963 sur les grandes écoles dirigé par André Boulloche et le choc qu’ils ont alors provoqué; de même, le fait que les universités classiques se soient renforcées en matière [End Page 188] technologique ne les intéresse pas car ils s’en tiennent à l’idée d’un « académisme universitaire » lui aussi structurel. On retiendra toutefois de cette première partie deux points forts. L’un est une présentation très détaillée du processus complexe dans lequel s’inscrit la genèse des IUT (p. 77–84), qui remonte au projet de « facultés techniques » imaginé « au milieu des années 1950 », au crédit duquel on ne sera pas étonné de trouver notamment le nom de l’innovateur patenté de la période : Gaston Berger. Les auteurs en concluent avec raison qu’une bonne partie des promoteurs des IUT ont ensuite été parmi les acteurs de la naissance de Compiègne. Ces pages, auxquelles manque seulement la lecture du rapport de Christian Forestier « Les IUT 25 ans après leur création », montrent au passage l’opportunité d’un véritable travail de recherche sur l’émergence et le développement des IUT, travail auquel, depuis la parution de ce livre, s’est attelé Pierre Benoist. L’autre point fort est le repérage des projets d’université avec sélection à l’entrée imaginés pour Metz, Nanterre et...

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