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Reviewed by:
  • Manning the Margins: Masculinity and Writing in Seventeenth-Century France
  • Daniel Vaillancourt (bio)
Lewis C. Seifert, Manning the Margins: Masculinity and Writing in Seventeenth-Century France. Ann Arbor: University of Michigan Press, 2009. xii+340pp. US$28.95. ISBN 978-0- 472-05058-1.

Dans la douzième des Histoires tragiques (1619) de François de Rosset, on raconte l’histoire d’un beau jeune homme polonais qui, allant s’éduquer en Italie, est séquestré par un Chevalier de Malte et un moine à Naples. Sa beauté et sa grâce en font un objet de désir auquel le Chevalier de Malte ne peut résister, usant de la violence pour satisfaire sa pulsion « sodomite ». S’échappant en feignant d’être tombé amoureux du Chevalier, le jeune Polonais raconte son crime au Pape Clément viii qui fait décapiter le Chevalier de Malte et le moine. On retrouvera dans [End Page 232] ce récit trois postures masculines, voire trois choix de vie: le beau jeune homme, objet du désir, sujet vertueux, le Chevalier de Malte, guerrier bougre, soudard qui prend tant les places que les jeunes hommes, et enfin le moine, religieux ayant fait un vœu de chasteté mais qui ne s’en soucie guère. Le récit, respectant la loi de son genre, sanctionne moralement les deux « sodomites » mais énonce en creux la question de la condition masculine, dans l’empan mesuré de sa panoplie. En ce sens, il aurait pu faire partie de l’ouvrage dont nous traitons ici.

En effet, comme nous l’apprend l’ouvrage de Lewis C. Seifert, être un homme au xviie siècle n’est pas chose aisée. La masculinité, loin de n’être que seulement que la condition d’un « patriarcat amorphe et monolithique » (4), fait jouer la dialectique du dominant et du dominé, tant à l’extérieur d’elle-même dans les rapports sociaux qu’à l’intérieur du corps et du sujet individué. Travaillant à éclairer ce qui, à première vue, se situe en marges, Seifert veut montrer comment cette marginalité du masculin se retrouve en fait au centre. Prenant appui sur les travaux de Bourdieu, sur les Queer Studies et les recherches récentes sur l’histoire de la masculinité, l’auteur démontre comment le fait d’être homme ne tient pas en une catégorie stable et monosémique. Il s’agit plutôt d’une élaboration complexe qui fait interagir trois grands axes discursifs: les discours de la civilité, de la sexualité et du corps sexué (gendered body) (7). Le texte est assorti de volumineuses notes en bas de page et d’une bibliographie ample. Le lecteur francophone trouvera cependant parfois frustrant le fait que les textes sont présentés la plupart du temps en anglais, nécessité du marché nord-américain.

Seifert a divisé son analyse en deux grandes parties, la première, constituée de quatre chapitres, développe un angle plus notionnel, reprenant la question de la galanterie, abondamment traité au cours des cinq dernières, de la féminisation des pratiques curiales et de la prégnance féminine dans la vie des salons, par l’intermédiaire de Vincent Voiture et de Madeleine de Scudéry. La seconde partie, rentrant dans le vif du sujet, incarne les pratiques d’une masculinité sexualisée: l’écriture de la sodomie dans un cas et le travestissement dans l’autre. L’ ouvrage s’ouvre avec une introduction quelque peu défensive, voulant marquer le pas des études sur la masculinité et leur apport à la lecture des textes d’ancien Régime et se termine par l’analyse d’une image du graveur Abraham Bosse, dépeignant un homme à la mine et à la démarche étudiées.

La première partie, « Civilizing the Margins », se subdivise en deux parties aussi. Les deux premiers chapitres traitent de la masculinité dans l’espace public. Ainsi, par l’entremise du Chevalier de Méré, Seifert interroge la nature masculine de l’honnête homme. Partant d’une évidence—il y a bien un homme dans l’honnête homme— l’auteur nous rappelle que, dans les...

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