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Tu Et Son nom Meaza Haile Kassa Sorbonne nouvelle-Paris III Dans une précédente étude1 nous avons mis en évidence, dans l'utilisation des adresses, la schématisation2 du cadre de l'interaction sur deux des trois dimensions de la deixis: celle des protagonistes (les vraies personnes3 construites en discours, distinctes des locuteurs—personnes physiques acteurs de l'interaction verbale), celle du temps de l'énonciation. Nous voudrions nous attarder ici sur la personne du destinataire tu, construite par la parole de fe locuteur puisant dans une catégorie étiquetée "Noms propres" par les grammairiens, en réalité beaucoup plus large si l'on prend en compte les divers types d'anthroponymes. En effet, loin de se présenter comme une liste fermée, ces formes relèvent aussi bien d'un stock de noms ne connaissant pas d'autre fonctionnement dans la langue que celui du nom propre (non sujet à la pluralisation par exemple) que de l'infinie productivité de la grammaire en syntagmes nominaux et verbaux. Noms propres en Erythrée Nous entendons par noms propres les noms imposés à tout individu à sa naissance par sa famille. Nous rangeons sous le terme d'adresse les autres noms, noms affectueux, ou titres utilisés, en concurrence ou en complémentarité avec les noms propres, pour assigner à un individu la place de ^-destinataire dans une interaction verbale. Quant aux sobriquets, ils sont exclus ici puisqu'ils ne peuvent être utilisés, en général, qu'en référence au désigné. Nous ne nous intéresserons ici qu'aux noms propres, notre propos étant de tenter d'identifier les différents types de message dont ils sont porteurs, dans l'intention communicante de l'énonciateur, au moment de la dation du nom. Nous nous plaçons donc en amont de * This paper was presented at the 12th International Conference of Ethiopian Studies, Michigan State University, 5-10 September 1994. Northeast African Studies (ISSN 0740-9133) Vol. 3, No. 1 (New Series) 1996, pp. 51-5651 52 Meaza Haile Kassa l'interaction et de l'usage des noms propres dans le discours pour ne retenir que ce discours particulier que constitue la dation du nom au nouveau né. Voici, pour fixer les idées, quelques exemples de noms propres et d'adresses: - noms propres: Petros, Abraham, Sara, Aster, Idriss, Nuria, Hagos, HailéSelassi é, Beyené - titres de parenté: iammoy "ma tante (paternelle)," haftay "ma soeur," iabboy "mon père" - titres affectueux: wälälay "mon miel," sanday "aînée chérie" - titres de respect: iimbäytäy "Madame," goytay "Monseigneur, Seigneur (à Dieu)," mämhir "maître." - sobriquets: s'agai "pied plat," cina "nez court," baria "le noiraud" Dans la société érythréenne l'individu est toujours doté de deux noms au moins que nous avons appelés (op. cit. p. 21) nompremier et nom second afin d'éviter les termes de prénom et nom ou encore de patronyme qui impliquent un système d'identification de l'individu par référence à l'unité familiale à laquelle il appartient. Ces deux noms sont imposés à l'individu à sa naissance, le nom premier faisant seul l'objet d'un choix. Le nom second reprend en effet obligatoirement le nom premier du père: Ali Idriss signifie "Ali fils de Idriss." La dation du nom Une maxime geez dit que le nom informe l'action de son porteur, signifiant par là que son destin est inscrit dans son nom. Le nom est donc choisi en fonction du destin que l'on souhaite à son enfant mais aussi, et c'est le lieu d'un autre type de message, en fonction de tel ou tel événement vécu par les parents et auquel l'enfant se trouvera ainsi lié. Ce choix est le résultat d'un consensus au sein de la famille, de sorte qu'il peut obéir à des raisons extrêmement diverses. Qui concrètement donne le nom? Chez les chrétiens par exemple (coptes, catholiques et protestants), le nom, communiqué au prêtre par les parents, est donné à l'enfant au cours du rituel du baptême. Il n'y a donc pas d...

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