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Reviewed by:
  • Mobilizing Youth, Communists and Catholics in Interwar France
  • Danielle Tartakowsky
Susan B. Whitney.- Mobilizing Youth, Communists and Catholics in Interwar France. Durham, Duke University Press, 2009, 318 pages.

L'ouvrage de Susan Whitney est consacré aux organisations de jeunes instituées et dirigées par les communistes et les catholiques dans la France de l'entre-deux-guerres et à leurs pratiques. Il fonde sa réflexion sur l'abondante historiographie française qui leur a été consacrée en la complétant par des incursions dans la presse, dans les archives de la série F7 ou celles de certaines des organisations concernées, la JOC en premier lieu. En enregistrant, du moins, un retard bien naturel, il est vrai, vis-à-vis de récents travaux27.

L'auteur, qui porte une attention spécifique à la dimension genrée de la jeunesse, entend réagir contre sa faible prise en compte dans les travaux préexistants. Elle entend également réagir contre le fait que ces travaux se sont trop souvent cantonnés à la seule jeunesse des écoles et aux intellectuels quand une histoire sociale de la jeunesse, alors très majoritairement constituée de jeunes travailleurs, reste à faire. Et d'avancer l'intéressante hypothèse de la jeunesse comme modalité d'articulation du social et du politique et, par là, de son approche.

Un des intérêts de cet ouvrage tient à ce qu'il croise de bout en bout deux types d'organisations marquées par ces deux modèles étrangers différents que sont le modèle soviétique et le modèle belge. Il montre comment le rôle stratégique que l'Internationale communiste assigne à la jeunesse française des années 1920 dans le domaine de la lutte dite « anti » (antimilitarisme, anti-impérialisme, anticolonialisme) interdit tout recrutement féminin en n'autorisant, au mieux, que l'adhésion à des modèles androgynes. Le militantisme catholique féminin déployé dès avant la guerre dans de puissantes organisations de femmes autorise au contraire des approches plus genrées, propres à faire surgir des cadres dont les devenirs militants seront multiples, en méritant à ce titre d'être réintégré centralement dans une histoire du féminisme de plus longue durée et de plus large assise que celle qui prévaut. Du moins ces pratiques éminemment différentes n'excluent-elles pas que les communistes et les catholiques partagent une même approche genrée de la catégorie de « jeunes travailleurs » et qu'ils adhèrent pareillement à des modèles maternels, susceptibles de rencontrer des résistances internes que certains récits viennent souligner, s'agissant du moins de la JOCF. Les années 1930, la constitution d'un front antifasciste et les grèves avec occupation d'usines sont sources de bouleversements qui ne signifient cependant pas une homogénéisation des pratiques. Le Rassemblement populaire, qui doit à sa nécessaire dimension de masse d'englober les deux sexes, oblige le PCF à réévaluer ses formes d'organisations de la jeunesse et à jeter les bases d'un activisme différent qui présente des formes éminemment genrées, attestées par la constitution de l'UJFF. Les militant(e)s de la JOC sont, pour eux et pour elles, confronté(e)s comme jamais à la question de leurs relations avec la CGT sur le terrain des grèves, avec, à cet égard, certaines pages assez neuves.

Rapporté à ces hypothèses stimulantes, l'ouvrage reste toutefois un peu décevant. D'abord parce qu'il doit à l'historiographie sur laquelle il prend appui et à ses sources de demeurer le plus souvent très près d'une histoire d'organisations (finalement bien connues), quand ce n'est d'une histoire générale de la France et, par là même, trop éloigné de l'histoire sociale à laquelle il aspire (et qui, sans doute, supposerait d'autres [End Page 140] échelles d'analyse). Ensuite parce qu'il se focalise sur deux types d'organisations qui, comme il le reconnaît du reste lui-même, n'ont jamais rassemblé qu'une infime minorité de la jeunesse française sans...

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