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Reviewed by:
  • Le Figuier sur le toit
  • Driss Abderrhamane
Andersen, Marguerite. Le Figuier sur le toit. Coll. Vertiges. Ottawa: L’Interligne, 2008. ISBN 9782923274492. 276 p.

La production littéraire de Marguerite Andersen est foisonnante et variée. Elle n’est circonscrite en apparence à aucun genre de prédilection particulier: des romans, des nouvelles et des ouvrages de prose poétique, tels que L’Autrement pareille (1984) et L’Homme-Papier (1993), ainsi que des pièces de théâtre, dont une écrite en anglais a été jouée à Toronto en 1996. Une activité sans frontières à l’image de cette figure bohême, presque vagabonde que l’auteure a incarnée pendant longtemps. Personnage cosmopolite par excellence, elle est née en Allemagne en 1924, y a passé son enfance et adolescence avant d’aller vivre en Tunisie, en France, en Suisse, en Angleterre, en Éthiopie, aux États-Unis, au Québec et aujourd’hui à Toronto. Un parcours qui lui a permis — en même temps qu’il a supposé de grands efforts d’intégration — d’occuper une place de choix dans le paysage littéraire canadien d’expression française. Elle a su en effet mettre son vécu du déracinement au service d’une écriture singulière, aux couleurs de tous les pays qu’elle a connus. Marguerite Andersen a trouvé là sa marque de fabrique en affirmant que l’autobiographie est pour elle une nécessité, constituant le désir de dire son expérience de femme. En effet, “quel est l’auteur qui ne mélange pas fiction et autobiographie?” s’interroge-t-elle malicieusement (139–140). Si elle refuse l’aliénation au genre de l’introspection, elle va jouer cependant subtilement avec les masques. En d’autres termes, une véritable tentation pour ce qui est actuellement très en vogue dans de nombreuses aires géographiques francophones: l’autofiction. L’auteure a ainsi intrigué et séduit dès 1983 un comité de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois avec son premier roman partiellement autobiographique aux résonances philosophiques et politiques: De Mémoire de femme. Un départ. Elle va offrir dans beaucoup de ses autres œuvres la trame d’un espace qui s’anime de son expérience, que ce soit dans ses fictions ou ses fictions documentaires telles que Parallèles (2002) en passant par ses proses poétiques (la plus récente étant Bleu sur blanc en 2000). Les fils du vécu se mêlent aux fils romanesques pour la réalisation de tapisseries littéraires uniques derrière lesquelles elle surgit sous forme de motif discret pour immédiatement disparaître. Le lectorat canadien, pris dans ce passionnant jeu de piste, ne peut [End Page 278] qu’exulter au point de lui attribuer le prestigieux prix des lecteurs Radio-Canada en 2009 lorsque paraît, en 2008, Le Figuier sur le toit. Quelle évolution depuis son entrée sur la scène littéraire! Marguerite Andersen y apparaît pratiquement mise à nue, à peine dissimulée derrière un voile de mots vaporeux. Son figuier — métaphore de son ancienne vie — a beaucoup voyagé depuis l’Afrique, tout comme elle et sa plume. Il était temps de larguer les amarres et de laisser éclater, sur sa terre d’élection, ce moment de sincérité contenu dans une œuvre portant, comme un trompe-l’œil, l’inscription “roman.”

À l’image d’une écriture dépouillée, l’ambition du Figuier sur le toit est simple. Elle est projetée et formulée dès l’incipit comme pour lever toute ambiguïté, comme pour ne pas égarer ceux qui voudraient encore la suivre dans les sinusoïdes vertigineuses d’un nouveau roman autobiographique:

Un jour, se dit Marguerite, je m’y prendrai. Je veux y voir clair, une fois pour toutes. J’irai visiter mes origines, examiner les actions de mes ancêtres, me laver, si nécessaire, non, me repentir de leur culpabilité si jamais il y en a, la dire dans un livre.

(30)

Les plus critiques y verront sans aucun doute, après lecture, une œuvre autobiographique déguis...

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