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  • Dans le noir du poème. Les aléas de la transcendance
  • Robert Yergeau (bio)
François Hébert , Dans le noir du poème. Les aléas de la transcendance, Montréal, Fides, coll. Nouvelle études québécoises, hors série, 2007, 214 p.

Ce recueil réunit, outre l'introduction et la conclusion, six « essais qui [. . .] sont à la lettre des essais, cherchent l'angle, sinon l'ange » : « L"Hostie' de Dantin », « Les 'phoïnikoï' de Nelligan », « Poésie et musique : quelques notes », « Le 'bon vide bleu' de Paul-Marie Lapointe », « Le 'pain qui brille' de Gilles Cyr » et « Saint-Denys Garneau entre chaire et chaise ». Les textes sur Dantin, Nelligan, la poésie et la musique et Cyr ont déjà paru, entre 1999 et 2005, dans des ouvrages collectifs (les trois premiers) et Voix et images (le quatrième), même que celui sur Dantin a été publiéune première fois en 1999 dans Les écrits, puis en 2005 dans La vie culturelle à Montréal vers 1900. Un tel empressement à colliger ces essais même « remaniés » - comme s'il n'allait pas de soi qu'ils le fussent - étonne. Rien ne se perd, tout se (re)crée.

Mon« hypothèse principale, précise l'essayiste, est que la littérature ne s'écarte de la religion (en tant que réseau des relations avec la transcendance) que pour y revenir ». À partir de cette hypothèse, il dénoncera les sciences humaines, notamment la psychanalyse et la sociocritique (« les sciences humaines et Dieu, c'est deux ; il n'y a pas de terrain commun, ou bien c'est un champ de bataille »), et reprochera à Pierre Nepveu de ne « traite[r] qu'en passant, comme [Robert] Melançon, du thème religieux [dans la poésie de Paul-Marie Lapointe], comme s'il s'agissait d'un détail, d'une fonction subordonnée à l'esthétique, d'un engrenage parmi d'autres dans l'œuvre ». De fait, pour François Hébert, « [d]e 1948 à 1998, le thème religieux est une constante dans l'œuvre de Lapointe, peut-être même la seule ». Un tel renversement des perspectives, lorsqu'il prend appui sur une connaissance évidente des textes et du contexte, remet en question la doxa critique, ce que font « L"Hostie' de Dantin » (« lequel inaugurait, aussi bien que Nelligan, dans un trouble complémentaire, notre littérature ») et « Le 'bon vide bleu' de Paul-Marie Lapointe ». Par ailleurs, même s'il ne possède pas la même ampleur analytique que les deux autres essais, « Saint-Denys Garneau entre chaire et chaise » est aussi intéressant, car François Hébert y propose un angle d'analyse différent : l'influence de l'œuvre d'Élie Faure « qui aura été pour beaucoup dans la maturation de Garneau, dans sa crise ou œuvre [sic], et dans son désespoir, mais aussi dans sa joie sans doute ».

Les autres essais me semblent moins pertinents. « Les 'phoïnikoï' de Nelligan » repose sur des notes prises « à partir d'une lecture rapide et lacunaire, au vol » d'un des carnets d'hôpital de Nelligan, qui devient prétexte [End Page 138] à un « furetage » dans l'œuvre et la vie du poète. Le plus long essai du recueil s'intitule « Poésie et musique : quelques notes », titre dont on peut apprécier diversement le double sens, mais qui témoigne du penchant de l'essayiste pour ce genre de clin d'œil. Il y prend appui sur Harry Potter, Paul Zumthor, Apollinaire, Baudelaire, Miron, Tintin et qui sais-je encore afin de commenter ces deux « mots bien grands et, indistinctement, des concepts, des affects, des divinités, des lieux communs, des hypothèses, des hypothèques, des énigmes » que sont la poésie et la musique. Enfin, dans « Le 'pain qui brille' de Gilles Cyr », il propose des variations, en treize stations, sur le titre d'un des recueils du poète, Andromède attendra.

Dans tous ses essais, François Hébert déplace les angles d'interprétation, établit des liens intertextuels singuliers, use de traits d'esprit. C'est assez...

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