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  • De fil en aiguille. Essais, and: Écrire le réel, and: Puissances du verbe. Écriture et chamanisme
  • Hans-Jürgen Greif (bio)
Monique LaRue , De fil en aiguille. Essais, Montréal, Boréal, coll. Papiers collés, 2007, 230 p.
Naïm Kattan , Écrire le réel, Montréal, Hurtubise HMH, coll. Constantes, 2008, 158 p., 19,95$
Puissances du verbe. Écriture et chamanisme, s. la dir. de Pierre Ouellet et Guillaume Asselin, Montréal, VLB éditeur, coll. Le soi et l'autre, 2007, 256 p., 39,95$

Dans les deux premiers recueils, il s'agit de textes déjà parus pour la plupart. Dommage que Kattan n'ait pas suivi la règle, observée par [End Page 130] LaRue, qui demande que l'auteur donne la date de publication de chaque essai à la fin du livre ou indique s'il s'agit d'un inédit. Comme il fallait s'y attendre, Kattan parle, malgré le titre, beaucoup de sa condition d'écrivain migrant, alors que les réflexions de LaRue touchent des sujets aussi disparates, en apparence du moins, que sa relation avec la France, la qualité ou la faiblesse de la langue au Québec, Montréal comme lieu d'intégration des cultures du monde entier, ses voyages en Flandre, en Égypte, au Japon. Si ces deux livres se rencontrent ici, ce n'est pas pour les comparer ou en mesurer la portée, mais pour en suivre la pensée et, surtout, la rigueur avec laquelle chaque auteur élabore ses sujets.

Pour les besoins de la cause, rappelons brièvement - comme le fait d'ailleurs LaRue dans son Introduction - le but de l'essai, cette forme « ouverte », habituellement brève, où l'auteur traite de façon délibérément subjective un sujet lui tenant à cœur : à ma connaissance, tout essayiste francophone s'appuie sur Montaigne, Valéry, Gide et Rivière. De beaux exemples récents du genre sont De la prison à la chambre, de Philippe Mottet, sur les frontières humaines, ou encore Pierres de touche, de Roland Bourneuf, sur ses découvertes littéraires. Le ton de l'essai est souvent désinvolte, parfois décapant, accessible aux lecteurs tous azimuts, sans toutefois tomber dans le superficiel du feuilleton. Il s'agit de réflexions personnelles qui, tout en tâchant de saisir les différents éléments d'une question et d'en tirer les conclusions, ne prétendent pas, comme c'est souvent le cas d'un article universitaire, épuiser le sujet.

D'emblée, il faut souligner que le livre de LaRue, De fil en aiguille, contient des modèles du genre et qu'il peut très bien servir comme référence incontournable dans un cours universitaire. L'auteure a une formation en philosophie, elle a été l'élève de Barthes qui, on le sait bien, nourrissait des réserves quant au roman. Devenue romancière, LaRue prend non seulement ses distances avec l'ancien maître, mais interroge son attachement au point de référence de bon nombre d'écrivains québécois, la France et, plus particulièrement, Paris. C'est justement là où l'art de l'essai se déploie : l'auteur pose, de fil en aiguille, des questions auxquelles elle tente de répondre. Dans le cas présent, l'entraînement à l'argumentation, à observer les faits, à créer le lien entre les points saillants d'une question, est évident. D'un sujet à l'autre, le lecteur constate avec bonheur que la dialectique de LaRue comporte des aspérités, qu'elle le provoque et qu'elle l'invite à répondre, lui, à la question posée. Ce dernier s'emballe, suit le cheminement de l'auteur ou non, avec plaisir ou à contrecoeur, mais il ne demeure jamais indifférent devant cette logique. Même qu'il se sent profondément à l'aise (ne sommes-nous pas tous enfants d'Aristote ?) en lisant LaRue. Allons voir plus en détail de quoi elle parle.

Le titre n'est pas choisi innocemment, on s'en doute. LaRue parle d'abord de la langue, du soin qu'il faut...

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