In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Reconfiguring Slavery: West African trajectories
  • Roger Botte
Benedetta Rossi (ed.), Reconfiguring Slavery: West African trajectories. Liverpool: Liverpool University Press (hb £65 – 978 1 846 31199 4) 2009, 254 pp.

La problématique de Reconfiguring Slavery vise, au-delà de la période post-abolitionniste du début du xxe siècle, à restituer les contours actuels des anciennes relations serviles dans diverses sociétés d’Afrique de l’Ouest. Le colloque à l’origine de ce travail s’était donné pour objectif de comprendre les dynamiques contemporaines des avatars serviles grâce à l’élaboration de nouveaux concepts. Les neuf contributions réunies dans le livre, relevant à la fois de l’histoire et de l’anthropologie, s’essaient à relever ce défit. La notion de trajectoire telle qu’elle est envisagée ici ambitionne de retracer les transformations subies par l’ancienne institution servile dans un processus continu de recompositions sociales et de libération progressive, dont Urs Peter Ruf a montré ailleurs qu’il pouvait être sans fin. Les trajectoires suivies par les descendants d’esclaves – et par ceux des anciens maîtres – peuvent varier selon des critères pluri-ethniques au sein d’une même formation sociale [End Page 521] (ou de l’État contemporain) ou à l’intérieur d’une société donnée. Surtout, ces reconfigurations, trop souvent encore identifiées sous le terme d’« esclavage », faute d’une théorisation mieux appropriée, s’inscrivent en réalité dans un contexte social, économique et politique entièrement remodelé, y compris dans les aires les plus enclavées où subsisteraient des formes présumées d’esclavage « traditionnel ».

Déjà, dans les sociétés précoloniales l’institution se présentait de manière foncièrement disparate et soumise à des remaniements. Or, aujourd’hui, les termes toujours utilisés pour qualifier l’« esclave » réfèrent à des statuts sociaux sans rapport avec leur signification primitive au moment de l’abolition; ils recouvrent, en outre, une multiplicité de phénomènes (Martin Klein). De ce point de vue, l’ouvrage décline divers champs : nouveaux discours influencés par des idées afrocentristes sans référence à l’expérience historique locale (Tom McCaskie); tentatives de rejet des codes culturels des anciens maîtres, mais persistance de la croyance en leur pouvoir supranaturel (Christine Hardung); accès à des carrières hors référents endogènes (armée, système éducatif), reconstructions généalogiques et transition vers des relations de clientèle (Jean Schmitz); mécanismes pour taire l’indicible et, simultanément, recours métaphorique au concept d’esclavage pour justifier une rhétorique politique (Alice Bellagamba); au contraire, mise en avant délibérée de l’origine servile à des fins politiques ou pour servir d’autres intérêts, stratégies visant à franchir les frontières sociales mais sans s’en affranchir, en inscrivant la mobilité dans les limites des structures hiérarchiques (Olivier Leservoisier); recours ou non, dans telle société nomade, à la mobilité physique par rapport aux anciens maîtres en tant que stratégie d’éloignement et de mobilité sociale (Benedetta Rossi); formes d’organisation collective afin de remodeler une conscience de groupe et acquérir un poids politique dans un contexte de décentralisation (Éric Komlavi Hahonou). Enfin, variations historiques du discours sur la macule servile mais, dans un même pays selon le groupe considéré : progressif oubli de cette origine et réelle assimilation ou maintien d’un discours ethnique exclusif dérapant jusqu’à la discrimination raciale (Philip Burnham).

Au-delà d’un mélange composite mais cependant cohérent – que fait surgir la stimulante introduction de Benedetta Rossi – le point commun des communications consiste à mettre en évidence les différentes voies par lesquelles les descendants d’esclaves tentent de contourner l’héritage du passé, comment ils en négocient les vestiges et les stigmates dans leur vie quotidienne et, surtout, comment ils le font : de manière paradoxale et ambiguë. D’abord, parce que l’emploie par les différents acteurs des taxinomies linguistiques locales (« esclave », « noble », etc.) traduit avant tout une manière de penser dans le cadre des vieilles repr...

pdf

Share