In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

69. A PROPOS D'UNE DIFFICULTE LOGIQUE DANS L'ARGUMENT DE CLEANTHE L'argument de Cléanthe ("the Argument from Design", c'est-à-dire la preuve de Dieu par le dessein du monde) se fonde sur le principe que "des effets semblables prouvent des causes semblables" pour montrer que la ressemblance entre le dessein du monde et le dessein des machines amène la conclusion que la cause du dessein du monde ressemble à l'intelligence humaine. Dans l'attaque de Philon contre cet argument, nous trouvons deux passages dans les Parties IV et V consacrés aux difficultés qui proviennent de l'anthropomorphisme de Cléanthe. Et le raisonnement par l'absurde de Philon prend pour point de départ cette conception anthropomorphique de Dieu: Et que dites-vous des découvertes d'anatomie, de chimie, de botanique? ... - Ce ne sont certes pas là des objections, répondit Cléanthe; elles découvrent seulment de nouveaux exemples d'art et d'industrie. C'est encore l'image de l'esprit que réfléchissent sur nous d'innombrables objets. - Ajoutez: un esprit pareil à l'esprit humain, dit Philon. - Je n'en connais point d'autre, répondit Cléanthe. - Et plus it est pareil, mieux cela vaut? insista Philon. - Bien sûr, dit Cléanthe. (p. 53) La première étape de son argument s'ensuit: Eh bien, Cléanthe, dit Philon, avec un air d'allégresse et de triomphe, remarquez les conséquences. Premièrement , par cette méthode de raisonnement , vous renoncez à toute prétention à l'infinité en aucun des attributs de la Divinité. Car, puisque la cause doit seulement être proportionnée à l'effet, et que l'effet, pour autant qu'il tombe sous notre connaissance, n'est pas infini, quel droit avons-nous, selon vos suppositions, de prêter cet attribut à l'Etre divin? Vous soutiendrez encore 70. qu'en l'éloignant à ce point de toute similitude avec les créatures humaines, nous donnons dans l'hypothèse la plus arbitraire, et, en même temps, affaiblissons toutes les preuves de son existence. (p. 53) On pourrait croire que l'argument de Philon est inadmissible, soit à cause de son pyrrhonisme, soit à cause de sa doctrine sur la causalité (celle de Hume lui-même) qui n'admet pas la connaissance a priori des causes. Mais en fait l'argument déployé par Philon ne représente pas sa propre position (et n'entre donc pas en conflit avec son pyrrhonisme), et en tant qu'il fait appel à la causalité, n'est point valable. Pour voir qu'il en est ainsi, on n'a qu'à regarder sa phrase préliminaire "par cette méthode du raisonnement" ainsi que la phrase "selon vos suppositions" qui montrent que cette première étape s'ensuit de la position de Cléanthe. Pourquoi Philon met-il en avant cet argument? Ou plutôt, qu'a dit Cléanthe pour amener Philon à mettre cet argument à son compte? La response se trouve dans la version de Cléanthe de la preuve de Dieu par le dessein, dans la Partie II: "Puis donc que les effets se ressemblent entre eux, nous sommes conduits à inférer, d'après toutes les règles de l'analogie, que les causes se ressemblent également, et que l'auteur de la nature est quelque peu semblable à l'esprit de l'homme, quoique doué de facultés bien plus vastes, proportionnées à la grandeur de l'oeuvre qu'il a exécutée. Par cet argument a posteriori, et par cet argument seul, nous prouvons à la fois l'existence d'une Divinité et sa similitude avec l'esprit et l'intelligence de l'homme." (p. 26 les italiques sont de moi) C'est donc Cléanthe qui peu après le début voudrait que, dans ces cas où seul l'effet se fait observer, nous devions proportionner la cause à l'effet. 71. On pourrait m'objecter que je n'ai pas encore montré que l'argument de Philon ne l'engage pas à poser un Dieu fini qui conviendrait à l'effet fini (le dessein du monde), que son propos que "la cause devrait être proportionnée à l...

pdf

Share