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MAINE DE BIRAN CRITIQUE DE HUME45· Essai de philosophie comparee A plusieurs reprises Maine de Biran s'en prend à Hume tantôt conjointement avec Malebranche, tantôt avec Condillac; parfois il est seul visé. Cette confrontation a un grand intér êt; elle a même une portée paradigmatique, car elle remet en question la méthode reflexive et l'interprétation à donner de la notion d'expérience immédiate, et elle nous éclaire en même temps sur les visées de l'un et de l'autre. 2 Dans l'Essai sur les fondements de la psychologie Maine de Biran adopte la ligne dont il ne se départira pas par la suite. Il rejette â la fois les théories innéistes (ce qui le sépare des cartésiens) , celles qui posent la causalité comme une forme a priori—autant dire â ses yeux une abstraction—et enfin celles qui prétendent la faire dériver de la succession habituelle, comme on le fait dans la tradition empiriste hérit ée de Bacon . C'est ici (et non, chose curieuse, à propos de l'identité personnelle) qu'il rencontre Hume. Celuici a bien aperçu le principe, mais il l'a rejeté tout de suite, faute d'en avoir compris la vraie nature: le fait primitif, en effet, n'est nullement justiciable de l'observation extérieure; prétendre le saisir par la vue, c'est le chercher où il n'est pas: "Enfin, regarder en soi, réfléchir, n'est pas reregarder au dehors ou se représenter des objets. En assimilant la valeur des données ou des lois de l'expérience avec celles de l'expérience intérieure, Hume renonce, des les premiers pas, à trouver ce qu'il cherche, ou plutôt il ne veut riene trouver et ferme exprès l'entrée à la lumière (Omnes aditus interclusi ut ad me adspicere non possis)."4 A partir de là, toutes les objections tombent. D'abord la 46. non prévisibilité de l'effet dans "l'énergie de la cause", puisque "il faut que l'énergie de la cause emporte avec elle sorte de pressentiment ou de prévoyance du succès; autrement il n'y aurait qu'un simple désir et point de vouloir" . L'ignorance des moyens? —la question des moyens est envelopp ée dans la prise de conscience globale de la cause: "...car nous pouvons avoir le sentiment sans conna ître en aucune manière les moyens; mais bien sûrement nous ne songerions pas 3 en chercher les moyens, et il n'y aurait plus lieu â rien demander à" ce sujet si nous n'avions pas le sentiment. Ici le sceptique se prend dans ses propres filets." Objecter qu'il faudrait d'abord "connaître" le principe renferme un contresens sur la nature de la connaissance: c'est confondre la vue extérieure avec le sentiment intérieur: "Tout ce raisonnement porte à faux, en ce qu'il se fonde sur l'assimilation illusoire, précédemment établie, entre deux sortes de connaissance ou d'expérience: l'externe et l'interne ....... Quelle espèce d'analogie y a-t-il entre la connaissance représentative de la position, du jeu et des fonctions de nos organes, tels que peut les connaître un anatomiste ou un physiologiste, et le sentiment intime de l'existence qui correspond à ces fonctions , comme aussi la connaissance interne des parties localisées dans le continu résistant dont nous parlions précédemment?"7 Que dire â quelqu'un qui nie l'évidence? Inlassablement Maine de Biran dénonce la confusion entre le visible et le senti. A qui a perdu ce sens, il faudrait lui en rendre l'usage, "...Ou si cela ne se peut pas, l'amener du moins S reconnaître que les propriétés essentielles,, qu'il nie, n'était point l'objet propre du sens auquel il voudrait les soumettre, il n'est point fondé a les rejeter par ce seul motif qu'il ne voit pas des choses non visibles par leur nature. "" Dans les Nouveaux Essais d'Anthropologie , Malebranche est de nouveau pris à partie...

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