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  • Les Arabes parlent aux Arabes. La révolution de l'information dans le monde arabe
  • Camille Aubret
Yves Gonzalez-Quijano et Touriya Guaaybess (sous la direction de). - Les Arabes parlent aux Arabes. La révolution de l'information dans le monde arabe. Arles, Actes Sud, 2009, 272 pages. « L'actuel ».

Ce livre est un ouvrage collectif issu d'un colloque portant sur les "nouveaux médias arabes" organisé par le GREMMO (Groupe de Recherches et d'Études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient) à Lyon les 8 et 9 février 2008. Les dix-huit contributions de l'ouvrage abordent trois thèmes principaux, imprimant à l'ouvrage sa structure en trois parties : l'émergence d'un espace public, les télévisions satellitaires et le développement et l'usage d'Internet dans le monde arabe. L'ensemble vise à rendre compte d'une révolution de l'information dans le monde, révolution définie par T. Guaaybess et Y. Gonzalez-Quijano comme un « bouleversement en profondeur du paysage médiatique local et comme l'entrée des pays de la région dans l'ère de l'information globalisée ».

La première partie de l'ouvrage rassemble des articles historiques et théoriques proposant plusieurs hypothèses concernant l'émergence et la nature d'un « espace public » arabe. J. W. Anderson et D. F. Eickelman émettent l'idée de « nouveaux publics » musulmans, issus de la généralisation de l'enseignement et du développement des nouvelles technologies depuis les années 1990. Ces publics faisant un usage concurrent des référents symboliques de l'islam contribuent à l'effritement de l'autorité politique et religieuse des États. L. Dakhli revient, dans le cadre d'une étude historique, sur la professionnalisation de l'activité de journaliste au début du XXe siècle, en lien avec l'émergence d'une presse d'opinion au Liban et en Syrie. Elle montre que la figure de l'intellectuel fait progressivement place à celle du journaliste dans le contexte de la formation d'entreprises de presse et de l'évolution des relations entre publicistes et lecteurs. F. Sborowsky et I. Sourbès-Verger s'intéressent à la spécificité des trois grands réseaux arabes de télécommunication par satellite (Arabsat, Nilesat et Thuraya) et aux influences concurrentes exercées sur ces réseaux par les acteurs du marché animés par une logique libérale et les États souhaitant accroître leur pouvoir politique. Concluant cette première partie, C. Varin aborde une question peu étudiée, à savoir le développement du « e-gouvernement » dans le monde arabe. Il montre que, loin d'avoir dissous la souveraineté des États arabes, la mise en ligne d'un certain nombre de données et de services gouvernementaux a été prise comme cheval de bataille par de nombreux dirigeants arabes.

La seconde partie de l'ouvrage concerne les télévisions satellitaires et comporte des études de cas portant sur les nouveaux médias en Algérie (B. Mostefaoui), la télévision en Tunisie (R. Ferjani), Al Jazeera au Qatar. H. Miles y suggère que l'émir Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, fondateur et mécène d'Al Jazeera, soutient la chaîne à fonds perdus car celle-ci est garante de l'intégrité territoriale du pays. Cette seconde partie propose par ailleurs des contributions tentant de définir la position de l'espace médiatique arabe dans les flux d'information mondiaux (M. Zayani) et dans les « tensions géostratégiques mondiales » (T. Guaaybess) ou d'interroger la nature de cet espace public, tel qu'il apparaît dans les programmes de télé-réalité et [End Page 144] les émissions de société (M. Kraidy et N. Sakr). M. el Oifi propose enfin une analyse stratégique de la création et des objectifs de la chaîne arabophone américaine Al Hurra, en insistant sur le recrutement confessionnel des journalistes, souvent choisis au sein de la communauté libanaise maronite pro-américaine. Enfin, la dernière partie de l'ouvrage examine les développements de l'Internet arabe, dont la...

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