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  • Le Second Triomphe du roman du xviiie siècle, SVEC 2009:02
  • Alain Montandon (bio)
Philip Stewart et Michel Delon, eds. Le Second Triomphe du roman du XVIIIe siècle, SVEC 2009:02. Oxford: Voltaire Foundation, 2009. vii+298pp. £60; €70;US$90. ISBN 978-0-7294-0956-8.

Les études sur le roman au xviiie siècle ont été particulièrement développées ces dernières décennies. Ce volume réunit une équipe internationale qui réexamine les différentes approches critiques en se donnant pour objectif de présenter l’état présent des études sur le roman français dans une perspective historique. Il se livre à de nombreux tours d’horizon des études passées et présentes. Le premier article de Michel [End Page 560] Delon sur le détail et le réalisme est une belle synthèse du petit garant du grand, de détails devenus « vérités de détail », qui suit l’histoire même de ce détail qui devient cicatrice, morale, esthétique, et qui s’il n’est plus l’ornement de l’âge précieux, n’est pas encore le symptôme du réalisme du xixe siècle. Un autre tour d’horizon s’intéresse au fameux dilemme du roman et à la conversion générique dans laquelle le déni de la fictionnalité romanesque est une stratégie de légitimation. Le « ceci n’est pas un roman » est éclairé et discuté au travers des analyses tant de Bakhtine que de Pageaux, de Sermain, de Schaeffer, Thomas Pavel et bien d’autres. Kris Peeters reprend dans une perspective bakhtinienne la question en examinant en particulier les jeux parodiques dans les préfaces et la polémique dialogique qui leur est liée. En s’intéressant à la lecture des romans, Nathalie Ferrand oppose judicieusement les théories de Giambatista Roberti à celle d’un J.A. Bergk. Il est certain que c’est autour de Jean-Jacques Rousseau (et de Denis Diderot) qu’une réflexion plus complexe peut s’élaborer. Il y a là un chantier ouvert, mais qui devrait également prendre en compte les pratiques de lecture à l’intérieur même des textes. La vision d’une lecture gendrée est sans aucun doute nécessaire au xviiie siècle et l’article de Suzanne Van Dijk replace la lecture des romans d’Isabelle de Charrière par ses lectrices en étudiant leurs correspondances.

Dans une seconde partie dédiée aux « formes de l’ édition », les auteurs que l’on ne saurait citer tous dans cet important volume collectif s’intéressent à la fois aux traductions et adaptations, aux rééditions dont ne saurait jamais assez souligner l’importance. Philip Stewart et Angus Martin, en autorités incontestées, font le point sur un corpus capital. Ugo Dionne analyse de manière intéressante la division en chapitre, la segmentation du roman et son évolution à la fin du siècle, de même que Catriona Seth s’interroge sur les liens qui existent entre le genre romanesque et ses différentes transpositions dans d’autres genres (en particulier avec le théâtre, avec le conte, avec la poésie). Enfin il convenait de s’intéresser à l’émergence de l’illustration, ce qui est l’occasion pour Christophe Martin de faire un large tour d’horizon des recherches les plus récentes.

Une troisième partie intitulée « Contextes » étudie les liens du genre avec d’autres domaines culturels, tout d’abord avec les discours savants et les sciences, ensuite avec les savoirs religieux. L’article d’Erik Leborgne montre de manière originale et précise l’évolution de la carrière romanesque d’Isabelle de Charrière depuis l’origine jusqu’à Honorine d’Userche et la place singulière des personnages féminins qui finissent avec la Révolution à réinterpréter leur condition et leur milieu social. Loin d’enfermer ses héroïnes dans un déterminisme sentimental, l’auteure laisse ses héroïnes revendiquer leur droit à une entière liberté en condamnant l’éducation morale de...

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