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  • Jean-Baptiste Robinet: De la Nature
  • Miguel Benitez
Jean-Baptiste Robinet: De la Nature. 2 vol. Établissement du texte, introduction, et notes par Françoise Badelon. Textes grecs et latins établis et traduits par Alain Gigandet. (L’Âge des Lumières, 49). Paris: Honoré Champion, 2009. 1112 pp, ill. Hb €185.00.

Publié en 1761, et complété par des éclaircissements en 1763, puis en 1767, cet ouvrage n’avait jamais été réédité. Fait d’autant plus étonnant qu’il est extrêmement [End Page 206] intéressant pour quiconque s’intéresse aux discussions philosophiques et théologiques qui eurent lieu au dix-huitième siècle. Seule une perspective anachronique peut jeter sur ce texte le soupçon de n’être qu’une spéculation creuse, sans la moindre portée ‘scientifique’; par ailleurs, Robinet, ce philosophe ex-jésuite dont Hegel a dit du bien, n’est pas le matérialiste athée que l’on a cru à l’époque, comme Françoise Badelon le montre dans son introduction. L’éditrice dit avoir modernisé l’orthographe, mais conservé la ponctuation (Avertissement, p. 107), mais on s’aperçoit rapidement que fort souvent ces règles n’ont pas été respectées. Ce n’est que broutille par rapport aux erreurs innombrables qui se sont glissées dans la saisie même du texte: il y a souvent des mots qui manquent (et au moins un paragraphe, p. 367); d’autres ont été confondus (‘dangereux’ à la place d’‘avantageux’, p. 364), quand ce ne sont pas des syntagmes (‘pour notre aventure’ au lieu de ‘par la nature’, p. 162); en revanche, des coquilles sont transcrites sans sourciller (‘inconvenable’ dans le texte au lieu manifestement d’‘inconcevable’, p. 380). Parfois, ces confusions rendent les passages inintelligibles: ainsi la transcription incorrecte de l’argument où Robinet explique qu’une succession infinie de causes contingentes renvoie forcément à une cause nécessaire (p. 126, 1e partie, chapitre II) rend l’argument incompréhensible (voir encore la confusion involontaire qui s’est glissée à propos d’un aveugle-né qui imagine des couleurs dont il n’a pas d’idée, p. 423; ou la correction malheureuse introduite à propos de la bonté infinie de Dieu, p. 560). L’éditrice a mélangé ses notes avec celles de Robinet, qui sont distinguées par l’abbréviation nR; ce faisant, elle les a toutes uniformisées, lors même que l’auteur distinguait en général ses renvois aux traités cités (dont les titres, soit dit en passant, sont encore souvent mal transcrits) et ses éventuelles précisions d’avec ses réflexions personnelles. Les notes de l’éditrice portent en partie sur les variantes de la réédition de 1763, en partie sur l’identification des auteurs cités; parfois, elles commentent le texte édité. Or, l’identification des auteurs est souvent fantaisiste: le phénicien Moschus de Sidon, à qui l’on a attribué la création de l’atomisme, devient ‘François Moschus’ (sic, p. 655); le hollandais Jakob Voorbroek, dit Perizonius, est identifié avec un Jean-Jacques Perrissin (p. 663); le chronologiste Étienne Fourmont est confondu avec son frère Michel, philologue (p. 663). L’éditrice n’a d’ailleurs pas fait le moindre effort pour identifier les auteurs que Robinet n’a pas nommément cités, ni pour produire les textes qu’il se borne à rappeler. L’Introduction est suivie d’une ‘Notice bibliographique’ établie sans aucun critère matériel, et un ‘Index des noms cités’ ferme l’ouvrage.

Miguel Benitez
Universidad de Sevilla
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