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  • La Jeunesse en discours (1880–1925): discours social et creation litteraire
  • Floriane Place-Verghnes
La Jeunesse en discours (1880–1925): discours social et création littéraire. Par Denis Pernot. Paris: Champion, 2007. 279 pp. Hb €55.00.

La période 1880–1925 étant caractérisée par un 'besoin de pédagogie' généralisé, les discours sur 'le fameux sujet' qu'est la jeunesse (moins comprise dans son acception biologique qu'intellectuelle) et, par extension, sur son éducation et ses lectures, se multiplient, touchant les sphères politiques, sociales et littéraires. Denis Pernot (Sorbonne-Paris IV) propose ici une analyse de ces discours, de leurs caractéristiques et modes de fonctionnement. L'auteur considère en premier lieu comment la jeunesse est mise en discours dans un univers social diversifié, puis dans un deuxième temps, comment la production romanesque et l'essai de pédagogie s'interpénètrent dans les écrits des 'écrivains-pédagogues' (l'une se pédagogisant, l'autre se narrativisant) et en dernier lieu, comment le concept de valeur littéraire est remis en question, la littérature désinstrumentalisée et dissociée de la pédagogie. L'écueil auquel peut se heurter toute étude discursive est l'énumération d'exemples qui, si elle n'est pas relayée par la théorisation, a de quoi laisser le lecteur sur sa faim. Référence est ainsi faite à plusieurs exemples de textes à dimension parodique sans qu'aucun discours sur la parodie ou le pastiche ne vienne en soutenir l'analyse (troisième partie). De même, l'èvocation de concepts intimement liés à la question centrale de cet ouvrage, tels que la relation auteur/lecteur ou le clivage high/low (les classiques contre la littérature industrielle), ne fait l'objet ni de définition, ni d'apport théorique (passim). En outre, l'impact de changements historiques ou sociaux qu'on aurait pu croire déterminants (la première guerre mondiale, la montée du féminisme) est à peine effleuré (première partie). Alors même que son auteur entend recenser un éventail aussi large que possible de discours sur la jeunesse, il semblerait que le défaut principal de cette étude soit précisément son envergure: considerer un corpus de textes signés (inter alia) Coppée, Zola, Péguy, Alain, Barrès, Mauriac, Taine, Renan, Bourget, Daudet, Prévost, Péladan, Legouvé, Aragon, Schwob, Gide, Gourmont, Louÿs, Laforgue ou Colette implique de les passer en revue assez succinctement sans laisser au lecteur le loisir d'une pause significative sur telle ou telle œuvre afin de la (re)découvrir en détail. La bibliographie est quant à elle inutilement complexifiée: si la séparation entre sources et références est cohérente, la subdivision entre ouvrages et articles l'est beaucoup moins. Ces remarques de 'pion' mises à part, cet ouvrage a le mérite de présenter un impressionnant travail de recherche, [End Page 100] faisant montre d'une belle érudition et s'appuyant sur des sources non seulement nombreuses, mais aussi génériquement variées (romans, articles, essais, discours de distribution des prix, enquêtes, etc.). Malgré la curieuse absence de Jarry d'un panthéon visant comme on l'a vu la quasi-exhaustivité, la troisième partie, sur la 'pédagogie du déclassement', est particulièrement réussie. La structure de l'ouvrage est limpide et Pernot prend un soin tout particulier à la rappeler fréquemment à l'esprit du lecteur. Enfin, un dernier mérite de cet ouvrage, et non le moindre, est de faire sortir du piquet où la postérité les a confinées de fort savoureuses pages de l'histoire littéraire.

Floriane Place-Verghnes
University of Manchester
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