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Reviewed by:
  • The Upper Country: French Enterprise in the Colonial Great Lakes
  • Jean Lamarre
The Upper Country: French Enterprise in the Colonial Great Lakes. Claiborne A. Skinner. Baltimore: Johns Hopkins University Press, 2008. Pp. 224, US $25.00

La Guerre de Sept Ans est considérée par les historiens spécialistes comme l’événement le plus important du XVIIIe siècle. Le traité de Paris de 1763 qui y met un terme n’a pas seulement marqué de façon brutale la fin de l’empire français en Amérique. Il a également été à l’origine de changements profonds, insufflant une toute nouvelle dynamique tant sur le continent nord-américain qu’en Europe. Ce traité et surtout l’Acte de Québec de 1774 ont pavé la voie à l’indépendance des treize colonies britanniques, tandis que l’aide financière accordée aux insurgés par la France l’a conduite vers la Révolution de 1789.

Dans le contexte de la colonisation de l’Amérique du Nord et de la lutte qui oppose la France à l’Angleterre depuis le début du XVIIe siècle, l’importance que revêt le « Upper Canada » – la grande région des Grands Lacs, appelée par Champlain les « Sweet Seas » et connue par les francophones du Canada sous le nom des « Pays d’en haut » – est trop souvent négligée dans les transformations radicales que subit au XVIIIe siècle le paysage nord-américain. [End Page 760]

Or, de tout temps, le « Upper Country » a représenté aux yeux des colonisateurs français et anglais une région à conquérir pour les richesses en fourrures qu’elle recélait et pour l’accès qu’elle offrait comme plaque tournante vers l’ouest et le sud du continent. L’ouvrage de Clairborne A. Skinner, professeur d’histoire et de sciences sociales à l’Illinois Mathematics and Science Academy, confirme cette centralité et l’importance stratégique et économique de cette région dans la lutte hégémonique que se livrent la France et l’Angleterre pour la domination du continent. Il offre une analyse fine et détaillée de la gestion française dans le but de s’approprier cette région, de la contrôler et d’en retirer le plus de bénéfices possible, tout en mettant en relief l’importance des alliances amérindiennes dans le but d’exploiter cette région et d’en priver l’accès aux Britanniques.

Skinner propose une analyse de la région, de ses ressources et des visées des deux colonisateurs. Cette dynamique se complexifie lorsque entrent en jeu les alliances avec les différentes tribus amérindiennes qui tout en étant souvent victimes de la dynamique colonisatrice mais qui ont aussi, parfois, profité de la situation pour en tirer des avantages face aux colonisateurs et aux autres tribus autochtones rivales. Skinner analyse avec plus d’attention l’aventure coloniale française, en offrant une vue d’ensemble de la gestion de la France dans le processus de colonisation. Si certains gouverneurs et intendants, chargés de faire respecter les ordres provenant de la métropole, semblent animés d’un certain altruisme (Champlain, Talon), d’autres, plus nombreux (La Barre, Cadillac, entre autres), y recherchent essentiellement leur avancement personnel, ce qui n’est pas sans remettre en question les objectifs de la colonisation et mettre en danger la stabilité de l’empire français en Amérique. D’ailleurs, l’Auteur utilise abondamment des termes comme « compliquée », « tout va mal » et « de mal en pis » pour qualifier les conditions qui marquent la colonisation française en Nouvelle-France. L’Auteur distingue bien les approches privilégiées par la France et l’Angleterre dans le processus de colonisation, en soulignant que « les Français voulaient conquérir le continent » alors que « les Anglais voulaient le peupler », ce qui résume la différence profonde qui sépare la philosophie colonisatrice des deux empires et permet de mieux comprendre l’échec français.

La centralité de l’Upper Country apparaît beaucoup plus clairement au XVIIIe...

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