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  • S'amuser en Europe au siècle des Lumières
  • Edward Ousselin
S'amuser en Europe au siècle des Lumières. Études, textes et gravures réunis par Elisabeth Detis et Françoise Knopper. Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2007. 245 pp. Pb €22.00.

Cinq chapitres pour s'enquérir 'des manières dont on s'amusait au XVIIIe siècle dans l'espace européen, en Angleterre, en Espagne et au Portugal, en France, en Italie et dans le Saint Empire' (p. 10). Chaque chapitre est organisé autour de gravures qui sont associées à des textes littéraires, l'ensemble faisant l'objet de commentaires de la part des auteurs. C'est donc l'assemblage de deux niveaux d'analyse—picturale et littéraire—qui fournit une approche originale de l'histoire culturelle du siècle des Lumières. Au-delà de l'idée reçue d'une certaine frivolité, le but des auteurs est de se rapprocher du vécu, de mieux cerner les pratiques réelles de ce en quoi pouvait consister les activités récréatives (spectacles, divertissements, jeux, etc.) au XVIIIe siècle. La question préalable de la définition des loisirs, notion qui a acquis une acception fort différente à notre époque, est abordée au début du deuxième chapitre (pp. 75–78), dans le souci évident d'éviter tout anachronisme. De même, les aspects sociaux de l'accès aux distractions sont évoqués. Une journée idéale en Angleterre, entièrement consacrée au plaisir et à l'amusement, est décrite comme étant 'celle d'un bourgeois, non celle d'un homme du peuple, d'un habitant de la capitale et non d'un rural, d'un noceur et non d'un puritain' (p. 23). Dans la péninsule ibérique, 'le poids de la religion catholique' (p. 154) est déterminant pour l'évolution de nombreuses activités de loisir: chants et danses, jeux de dés ou de cartes, représentations théâtrales, feux d'artifice, ainsi que le goût pour la tauromachie. Le troisième chapitre est consacré à la variété des festivités publiques et privées qui caractérise Venise (et non toute l'Italie), les textes étant tirés de l'abondante oeuvre théâtrale de Carlo Goldoni. Dans le Saint Empire (ou 'l'aire germanique'), c'est un usage modéré des loisirs, 'dans les limites de la raison' (p. 198), qui est privilégié, surtout par souci de stabilité sociale. En France, la stratification sociale des modes de détente est soulignée, certains étant 'intrinsèquement réservés aux classes aisées', alors que le café ou le cabaret 'représentent par leur essence des activités majoritairement bourgeoises ou populaires' (p. 90). Centrée sur l'Europe de l'ouest, cette étude privilégie les pays et les villes pourvus d'un double corpus (iconographique et littéraire) suffisant pour se prêter à l'analyse. Or, c'est justement l'aspect visuel de S'amuser en Europe qui laisse à désirer. Même s'il ne s'agit pas d'un défaut rédhibitoire, on ne peut que regretter que la plupart des reproductions des [End Page 470] gravures, format du livre oblige, soient de taille réduite. A l'issue de la lecture des cinq chapitres, on s'attend également à trouver une conclusion synthétique qui résumerait la portée sociale et la place culturelle des activités de loisirs dans une Europe qui allait bientôt connaître des bouleversements fondamentaux. Dans quelle mesure ces activités ludiques contribuèrent-elles à l'émergence d'un 'espace public' (p. 83), tel qu'il a été théorisé par Jürgen Habermas? Dans quelle mesure furent-elles liées à l'évolution d'autres phénomènes sociopolitiques? Ce sont des questions auxquelles ce livre aurait pu, ou aurait dû, apporter des débuts de réponses.

Edward Ousselin
Western Washington University
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