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Reviewed by:
  • Déclin et confins de l’épopée au xixe siècle
  • Claire Hennequet
Neiva, Saulo, ed. Déclin et confins de l’épopée au XIXe siècle. Tübingen: Gunter Narr Verlag Tübingen, 2008. Pp. 335. ISBN 978-3-8233-6409-2

Que reste-t-il de l’épopée au xixe siècle? C’est la question qu’explore la vingtaine de contributeurs à cet ouvrage collectif axé sur le problème de l’inadéquation du genre à l’esthétique de la modernité. L’ouvrage donne une large place à la littérature française, mais aussi européenne (Portugal, Belgique) et américaine (États-Unis, Antilles, Chili, Brésil). Outre cette amplitude géographique le lecteur appréciera sans doute l’ouverture sur l’opéra et la littérature enfantine, ainsi que l’étude du rôle politique de l’épopée proposée par Florence Goyet qui vient enrichir les analyses plus strictement littéraires. L’éventail des thèmes et des auteurs traités propose une vision panoramique du sujet, en synchronie ou en diachronie selon les articles.

La première partie de l’ouvrage est consacrée à l’étude de l’épopée et de ses marges, le genre étant abordé dans ses rapports avec le roman, le drame, la poésie lyrique ou encore le conte. On pourrait regretter ne pas trouver ici une mise au point initiale sur les enjeux propres au genre et à son rapport à la modernité. Les études réunies dans cette section se partagent entre approche générique et historique. Claude Millet et Magali Lachaud nous offrent une vue d’ensemble des différentes utilisations de l’épopée ou du mode épique dans la littérature française: épopées pathétiques et démocratiques chez Chateaubriand et Hugo (Millet), transmission des chansons de geste dans la littérature pour enfants (Lachaud). Michel Brix nous éclaire sur le contexte historique de la réhabilitation de l’épopée par le romantisme français. L’article de D. Chaillou et B. Pintiaux ouvre une fenêtre sur la réappropriation napoléonienne du modèle lullien de la tragédie lyrique. Enfin, de l’autre côté de l’Atlantique, Serpa Brandão, Lima Torres et Delphine Rumeau se demandent dans quelle mesure l’œuvre poétique de Whitman appartient au genre épique, le renouvelle ou en déborde.

La deuxième partie s’ouvre sur l’analyse par Cédric Chauvin de la mort paradoxale du genre: la critique déclare l’épopée issue d’une époque révolue tout en prédisant sa réapparition cyclique. L’auteur démontre comment le débat très vif sur le grand genre et ses conditions d’existence sert de mythe fondateur à la modernité. L’article de J.-C. Valtat sur ce qu’il nomme l’épopée mentale moderne, celui de Joanna Augustyn sur L’Âne mort de Jules Janin, celui de Mathilde Bertrand sur Un Prêtre marié de Barbey d’Aurevilly et enfin celui de Maria Aparecida Ribeiro sur José de Alencar, entretiennent tous un rapport ambigu au thème de cette section, intitulée: “Sur l’usure de l’épopée.” Toutes ces œuvres, romans ou texte “hybride, monstrueux” pour celui de Janin, semblent en effet entretenir un lien d’autant plus fort avec le genre épique qu’ils rechignent à l’admettre. Ainsi M. Bertrand analyse-t-elle le roman catholique aurevillien comme une chute éthique et esthétique par rapport au rêve d’une épopée religieuse. Finalement cette partie démontre peut-être davantage la vivacité et la prégnance de la réflexion sur le genre plutôt qu’elle n’illustre l’usure de celui-ci.

La troisième partie, “L’épopée selon ses partisans,” propose sept études sur des textes que leurs auteurs reliaient explicitement à l’épopée. On retrouve ici Les Martyrs de Chateaubriand qu’Élodie Saliceto analyse comme une étape charnière entre l’expression par les auteurs classiques de leurs doutes sur la possibilité d’une épopée vernaculaire et l’apparition de l’épopée...

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