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Reviewed by:
  • From Revolution to Ethics: May 1968 and Contemporary French Thought
  • Gerd-Rainer Horn
Julian Bourg . – From Revolution to Ethics: May 1968 and Contemporary French Thought. Montréal & Kingston-Londres-Ithaca, Mc Gill-Queen's University Press, 2007, 468 pages.

Le quarantième anniversaire de 1968 a suscité toute une gamme de publications sur ces événements. C'est probablement le dernier anniversaire en chiffres ronds qui aura vu l'ensemble de la génération des soixante-huitards participer aux débats. Une nouvelle génération de chercheurs intervient désormais aussi, à l'exemple de Julian Bourg. L'auteur, qui n'était pas né en 1968, propose un récit presque toujours intéressant, souvent provocateur, et assez inhabituel, du moins pour un auteur anglo-saxon, par l'attention portée aux questions telles que la philosophie ou l'origine de l'anti-psychiatrie. Si ses efforts ne sont pas toujours couronnés de succès, la faute n'en incombe pas à une démarche iconoclaste. Les quelque 350 pages de ce livre (presque) sans héros et sans méchants méritent d'être lues et commentées.

Que veut démontrer Julian Bourg ? Sympathisant de l'esprit libérateur de 1968, l'auteur revisite les sources du point de vue, néfaste à ses yeux, de l'extrême gauche des années 68 tentée de négliger, voire de dédaigner, la question de l'individu et de ses droits dans la société contemporaine. Au nom d'une défense catégorique du supposé droit de chaque personne à s'exprimer sans se soucier de ce qui en résultera pour les autres, Julian Bourg soutient que l'extrême gauche ou, plus exactement, certaines figures de ce milieu étaient engagées dans des parcours destructeurs et même autodestructeurs. L'adulation de la violence comme mécanisme libérateur aurait été une des caractéristiques du discours arrogant et vaniteux de ces années. Julian Bourg souligne certes un grand défaut du discours (et des pratiques) du pic de la « vague rouge » de l'après-1968, mais le large recours aux mots et aux actes violents n'est pas le seul indice des faiblesses théoriques et pratiques de l'extrême gauche. L'auteur consacre quelques-unes de ses meilleures pages aux conséquences de ce prétendu esprit libérateur dans la sphère des relations humaines, notamment en matière de relations sexuelles. Prenant au mot le cri de guerre « Il est interdit d'interdire », certains militants (le plus souvent des hommes) revendiquèrent le droit à des rapports sexuels avec des mineurs sans aucune limite d'âge et même (au moins indirectement par la défense d'auteurs de tels faits) le droit au viol des femmes. Ce qui singularise ici le propos de Julian Bourg, c'est son refus d'une simple condamnation d'attitudes qu'il s'efforce d'abord expliquer.

L'un des principaux objectifs de l'auteur ne réside pas, en effet, dans la mise en relief d'aspects contestables, mais dans l'analyse d'un radicalisme gauchiste assez divers et fécond pour surmonter et dépasser ses pulsions destructrices. L'ouvrage [End Page 183] offre ainsi de belles pages sur les conséquences positives, pour partie imprévues, de l'engagement en faveur des prisonniers – d'abord les prisonniers politiques de même tendance, puis tous les prisonniers. À partir d'une position initiale de refus de l'argumentaire et du vocabulaire des droits de l'homme, tenus pour typiques de l'individualisme bourgeois, les organisations comme le Secours Rouge ou le Groupe d'Information sur les Prisons (GIP) vont peu à peu user d'une rhétorique puisée dans l'arsenal des droits de l'homme. Émergeant de la mouvance maoïste adepte d'une langue de bois imprégnée de terminologie marxiste simpliste, le GIP tend ainsi à mettre de côté la dimension de classe de son combat. Les murs artificiels élevés par l'extrême gauche commencèrent à trembler. Dans le milieu féministe, très engagé contre les excès virtuels et réels de...

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