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Reviewed by:
  • Financing the American Dream: A Cultural History of Consumer Credit
  • Alexia Blin
Lendol Calder . – Financing the American Dream: A Cultural History of Consumer Credit. Princeton, Princeton University Press, 2 eéd., 2001, 377 pages.

La crise actuelle du crédit immobilier aux États-Unis amène à se poser des questions sur les origines du système et son fonctionnement. L'histoire du crédit a cependant offert peu d'ouvrages ces dernières années, contrairement à d'autres secteurs de l'histoire de la consommation (ouvrages d'histoire de la publicité ou monographies sur de grandes entreprises commerciales). Les principaux travaux sur le crédit sont le fait d'économistes et se concentrent sur les années 1920 ou 1950 19. Cela n'a pas toujours été le cas : avant les années 1950 le crédit passionnait les chercheurs en sciences sociales, ce qui donne aujourd'hui à l'historien du crédit de nombreuses sources 20.

Dans cette ambitieuse synthèse L. Calder essaie de faire le lien entre le développement du crédit pour les consommateurs et la redéfinition du « rêve américain » au début du XX esiècle. Le nouveau rêve américain n'est plus celui du petit producteur indépendant mais se définit désormais par l'accession à un niveau de vie assez élevé, à l'abondance matérielle, tôt dans le cycle de vie, comme témoin d'un épanouissement [End Page 173]personnel. Sa réalisation passe par l'accès à la consommation de masse, rendu possible par le développement d'outils comme les grands magasins et le crédit à la consommation. Calder date cette évolution des années 1910 avec l'institutionnalisation de nouvelles méthodes de prêt et de nouvelles stratégies commerciales de la part des acteurs de l'industrie du crédit. Le crédit est alors non seulement l'outil de la redéfinition du rêve américain, mais un élément de transition : il impose une nouvelle forme de discipline qui ne renie pas les valeurs de l'Amérique victorienne. En effet, quand le consommateur emprunte il va lui falloir travailler et même économiser pour rembourser. L. Calder définit ainsi la culture comme un équilibre entre mécanismes de contrôle et de gratification. La consommation à crédit est symbole de ce double mouvement : elle procure une satisfaction immédiate, mais impose une discipline par le remboursement. Le crédit est le mécanisme qui fait tenir ensemble les différentes composantes de la culture de la consommation. Pour retracer la mise en place de ce système, L. Calder entrelace trois types d'histoires : une histoire institutionnelle du crédit, une histoire sociale des consommateurs de crédit et une histoire culturelle de la notion de dette.

Au niveau des institutions, il met en évidence la diversité des types de prêteurs dès le XIX esiècle – prêteurs sur gages, agences illégales de prêts, qui pratiquent des taux très élevés, commerçants, relations personnelles. Le prêt et la dette sont des mécanismes présents, dès la jeune République, pour une très large part de la population. Le début du xxe siècle marque une évolution avec la réglementation des agences de prêts par les États et surtout le développement du « contrat de crédit » ( installment plan), qui permet l'achat de biens importants à crédit avec des versements réguliers définis à l'avance. La légitimation de ces nouvelles institutions s'opère notamment avec l'explosion des achats d'automobiles entre 1910 et 1930 – 75 % des automobiles sont vendues à crédit à la fin des années 1920. La Grande Dépression fait figure de test pour le nouveau système de crédit à la consommation. Celui-ci résiste très bien à la crise et se renforce même puisque de nouvelles institutions de prêt voient alors le jour : le gouvernement, les banques commerciales et les grands magasins. L'histoire de L. Calder est également sociale dans la mesure où il montre...

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