Abstract

A partir de deux épisodes aux accents infernaux tirés de la vie de Winckelmann et de la prose de Sade, cet article examine une étrange pratique culturelle de la fin du dixhuitiè me siècle: pique-niquer sur le volcan, en l’occurrence le Vésuve, escale essentielle et spectacle sublime du Grand Tour. Puisant dans des lettres et des récits de voyage des touristes français et anglais, nous interrogeons cette commensalité — le fait de manger ensemble — aux flancs du volcan, interrogation qui révise et précise la signification du terme pique-nique au dixhuitième siècle. De plus, nous rapprochons cette vision ‘alimentaire’ du volcan d’un autre phénomène culturel napolitain de l’époque: la cocagne. Ainsi, selon nous, volcan et cocagne constituent les deux pôles symboliques entre lesquels s’exerce le régime (au sens à la fois politique et diététique) du roi de Naples. En conclusion, nous analysons quelques réponses des touristes à l’appétit démesuré du Vésuve, constatant que ces réponses (dont le pique-nique lui-même) s’efforcent avant tout d’y réimposer une certaine mesure — que celle-ci soit scientifique ou esthétique.

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