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Reviewed by:
  • Dictionnaires français et littératures québécoise et canadienne-française
  • Jessica Whelan (bio)
Dictionnaires français et littératures québécoise et canadienne-française, s. la dir. de Gerardo Acerenza Ottawa, Les Éditions David, coll. Voix savantes, 2005, 270 p., 20$

Cet ouvrage collectif, issu d’un colloque organisé par l’Université St-Jerome en 2004, rassemble une série d’articles interrogeant le rapport complexe entre la littérature québécoise et les dictionnaires français à partir de trois points de vue : « la passion lexicographique des écrivains québécois et canadiens-français, le rôle que les dictionnaires jouent dans les littératures de langue française du Canada et la place que ces littératures occupent dans les dictionnaires français ». Cette approche interdisciplinaire suscite des réflexions diverses sur le dictionnaire, allant de témoignages personnels et de critiques littéraires à des études linguistiques.

La majorité des articles explore les possibilités et les limites de l’utilisation du dictionnaire pour la création littéraire. Daniel Gagnon explique dans « Écrire avec les dictionnaires : témoignage à contrario » que, par sa capacité à faire revivre la langue française, le dictionnaire lui sert de source inépuisable d’inspiration. Marco Micone, par contre, avoue dans « Mon carnet noir » que, bien qu’il se plaise à dénicher des mots rares, il préfère au dictionnaire Larousse son petit carnet dans lequel il note des mots et des phrases charmants qu’il choisit au hasard. Micone s’entend à cet égard avec les écrivains cités dans « Ma langue à toi » de Sylvie Pierron qui, trouvant plus essentiel de choisir un mot naturel qu’un mot exact, n’ont pas toujours recours au dictionnaire pendant qu’ils écrivent.

Le thème de l’utilité équivoque du dictionnaire joue également dans les critiques littéraires. Dans « Du mot juste au mot rare. Dictionnaires et glossaires dans l’œuvre d’Hubert Aquin et Jacques Poulin », Gilles Dupuis explique la situation paradoxale selon laquelle les insuffisances du dictionnaire stimulent la capacité créatrice d’Hubert Aquin et de Jacques Poulin tout en étouffant celle de leurs écrivains fictifs. Lise Gauvin, de sa part, illustre dans « Quand Édouard, Maryse et les autres consultent le dictionnaire. . . ou le dictionnaire comme argument narratif » que tandis que les personnages chez Francine Noël s’écartent volontairement de la norme française, dans l’œuvre de Michel Tremblay – contrairement à ce à quoi l’on pourrait s’attendre – le dictionnaire français maintient sa position privilégiée. Selon François Paré dans « Acadie Rock de Guy Arsenault ou le dictionnaire hors-norme », le recueil de poésie Acadie Rock tient de la forme du dictionnaire standard tout en remettant en question la pertinence des normes [End Page 627] linguistiques et de l’institution scolaire qu’il promeut pour la société acadienne.

D’autres articles montrent que l’emprise du dictionnaire s’étend également à la vie domestique. Dans « La voix du dictionnaire dans French Town de Michel Ouellette : entre espérance et perdition », Emir Delic illustre que le langage prestigieux du dictionnaire immunise le protagoniste contre la violence du père, mais l’isole de sa famille. De façon similaire, dans « “Ben quoi c’que tu fais avec toutes les affaires qu’on sait pas même le mot en français?” L’urgence des dictionnaires chez France Daigle », Gerardo Acerenza souligne les effets négatifs de la présence encombrante du dictionnaire sur la vie intime du couple dans Petites difficultés d’existence qui, ayant pris conscience du statut peu enviable de son chiac maternel, s’évertue à s’exprimer en français correct. L’influence du dictionnaire sur la famille s’explicite même davantage dans l’article de Jacqueline Chammas, « Le dictionnaire, vade-mecum vers l’inceste ». Chammas explique comment, dans La buse et l’araignée de Gaétan Soucy, le dictionnaire, source de vocabulaire illicite accompagné de définitions précises – mais dépourvues de sens moral – fournit à une petite fille des moyens pratiques pour provoquer et chasser les amants de sa mère.

Tout comme Chammas souligne l’écart entre les mots et la...

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