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Reviewed by:
  • Relire Angéline de Montbrun au tournant du siècle
  • David M. Hayne (bio)
Relire Angéline de Montbrun au tournant du siècle. s. la dir. de E. D. Blodgett et Claudine Potvin Québec, Nota bene, 2006, coll. Convergences, 458 p.

Le titre de cet utile ouvrage est légèrement trompeur : il ne s’agit pas d’une relecture moderne du roman de Laure Conan (pseudonyme de Félicité Angers), publié d’abord en feuilleton dans La Revue canadienne en 1881–1882, mais d’un recueil contenant une vingtaine des meilleurs articles et chapitres d’ouvrages consacrés à « [l’]un des romans les plus énigmatiques du corpus québécois » (Raoul).

Ce qui frappe dans cet ouvrage est la grande variété d’approches critiques que le roman de Conan a provoquée chez ses lecteurs. Plusieurs d’entre eux ont réagi aux parallèles qu’ils croyaient discerner dans le roman de Madame de La Fayette (Mary Jean Green), dans le Cahier XI du Journal d’Eugénie de Guérin (Mathilde Kang), dans les Écrits spirituels [End Page 619] de Marie de l’Incarnation (Daniel Vaillancourt) ou bien dans Die Leiden des jungen Werthers de Goethe (E. D. Blodgett).

Pour d’autres, les réactions successives des critiques illustrent admirablement l’évolution des approches critiques et théoriques pratiquées depuis cent ans au Québec, en commençant par la lecture moralisante et édifiante de l’abbé Casgrain, par les premières manifestations du structuralisme (André Brochu), et par les recherches biographiques (Roger Le Moine, Sœur Jean-de-l’Immaculée), pour arriver enfin aux méthodes empruntées à Lukács et à Propp (Annette Hayward), aux interprétations freudiennes (François Gallays), à l’influence de Derrida et Paul de Man (Dawn Thompson) et à la théorie des faces (Estelle Dansereau). Pourtant les études les plus solides du recueil resteront sans doute celles des critiques féministes (Valerie Raoul, Patricia Smart). Sauf dans le cas de Narcisse (Jacques Cotnam), la veine mythologique a été peu exploitée, en dépit des nombreuses allusions à Œdipe et à Électre contenues dans les textes reproduits.

Il est à regretter aussi qu’aucun traducteur ou traductologue n’ait examiné à fond la traduction anglaise du roman publiée en 1974 par Yves Brunelle. Ajoutons que le rôle des traducteurs d’articles s’avère essentiel dans ce recueil qui réunit des textes publiés dans les deux langues.

L’ouvrage se termine par une excellente bibliographie des éditions du roman de Conan et des études auxquelles celui-ci a donné lieu depuis sa première parution. Une seule référence pose problème : Les Nouvelles Soirées canadiennes y sont rebaptisées Les Nouvelles Archives canadiennes.

David M. Hayne

David M. Hayne, Département d’études françaises, Université de Toronto

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